Un thriller politique sombre et paranoïaque qui replonge le spectateur dans l’ambiance des années de plomb

Revolver (1973)

(La poursuite implacable)

Réalisé par Sergio Sollima

Ecrit par Dino Maiuri, Massimo De Rita et Sergio Sollima

Avec Oliver Reed, Fabio Testi, Paola Pitagora, Daniel Beretta, Agostina Belli, Frédéric de Pasquale,…

Direction de la photographie : Aldo Scavarda / Production design : Carlo Simi / Direction artistique : Carlo Simi / Montage : Sergio Montanari / Musique : Ennio Morricone

Produit par Ugo Santalucia

Crime / Thriller

Italie / France / Allemagne de l’Ouest

Ancien flic et sous-directeur d’une prison à Milan, Vito Cipriani (Oliver Reed) est pris au piège quand sa femme est kidnappée et qu’on lui demande en échange de sa liberté de permettre l’évasion de l’un de ses prisonniers, un petit délinquant Milo Ruiz (Fabio Testi). Mais ce dernier ignore qui veut le libérer. Rapidement les deux hommes décident de travailler ensemble pour éclaircir ce mystère et sauver la femme de Vito.

Le film s’ouvre sur Milo qui enterre le cadavre d’un ami de délinquance, blessé par balles, près d’une rivière. Ami qui quelques jours plus tard sera impliqué dans un assassinat politique. Impossible ? Tant que Milo est en vie, oui !

D’abord menaçant, l’ancien flic Vito comprend en tout cas que Milo ne sait pas qui a ordonné sa libération et donc a enlevé sa femme. Les deux hommes, malgré leurs différences, vont se lier et tenter de résoudre l’affaire ensemble. Mais peuvent ils changer l’inévitable ? Est-ce que le recours à la loi ou à la presse, ces deux pouvoirs théoriques de contrôle, leur permettra de se sortir indemnes d’une histoire qui les dépasse ?

« Revolver » est un polar typique des années de plomb en Italie. Paranoïaque et sombre, il met en scène une Italie contemporaine qui vit sous le poids de la peur et où la loi n’est plus là pour protéger le peuple, mais les puissants. Le recours au meurtre pour préserver l’ordre établi n’est plus un tabou, mais une banalité. Comme le commente l’avocat à un Vito désillusionné : « La société a de plusieurs façons de se défendre : le vote, les barreaux d’une prison ou la balle d’un revolver ».

Sergio Sollima, scénariste et réalisateur qui a abondé dans de nombreux genres (policier, westerns dont l’excellent « Colorado« , aventures…)  des années 50 aux années 90, signe ici un très bon thriller politique co-scénarisé avec deux scénaristes italiens prolifiques, Massimo de Rita et Dino Maiuri. Sa réalisation est classieuse et il s’entoure d’excellents acteurs, Oliver Reed et Fabio Testi en tête.

Mais au-delà des personnages de Vito et Milo, le film est riche de figures grotesques ou/et inquiétantes telles ce chanteur hippie à succès (joué par le chanteur/acteur/doubleur Daniel Beretta) d’apparence aussi lisse qu’il est antipathique et malsain dans le fond.

Dans son interview présent dans les bonus de l’édition M6, Jean-François Rauger explique que Sollima est l’exemple même du réalisateur italien qui prouve que l’opposition entre cinéma de genre et cinéma d’auteur est absurde. Le problème c’est plutôt à mon avis de continuer d’utiliser un concept aussi dépassé que celui du cinéma d’auteur et de tout vouloir mettre dans des cases. C’est un raccourci trompeur pour un art qui est aussi une industrie et qui implique sur chaque production des centaines d’intervenants et pas juste un réalisateur tout puissant.

Combo DVD/Blu-ray/Livret FR. Studio M6 Video (2019). Version originale sous-titrée en français et version française. Bonus : livret de 24 pages, film en montage français, interview de Jean-François Rauger