Un prêcheur obsédé par la vérité rêve d’une église sans Christ. Une comédie noire brillante signée Jhon (sic) Huston
Wise Blood (1979)
(Le malin)
Réalisé par John Huston
Ecrit par Benedict Fitzgerald et Michael Fitzgerald d’après le roman de Flannery O’Connor
Avec Brad Dourif, Harry Dean Stanton, Amy Wright, Mary Nell Santacroce, John Huston, Ned Beatty,…
Direction de la photographie : Gerry Fisher / Montage : Roberto Silvi / Musique :
Alex North
Produit par Kathy Fitzgerald et Michael Fitzgerald
Comédie dramatique
106mn
USA
Quatre ans après le film d’aventures existentialiste « The Man Who Would Be King« , John Huston (crédité « Jhon Huston » au générique due à une faute de la jeune fille qui avait été embauchée pour écrire le générique à la main pour lui donner un côté enfantin) signe ici une comédie noire virulente avec une liberté de jeune homme de 73 ans. Avec un budget très limité, sans star en tête d’affiche (Brad Dourif n’avait alors tourné que dans des seconds rôles même s’il avait obtenu une nomination aux Oscars pour « One Flew Over the Cuckoo’s Nest « ), Huston tourne en dehors des studios dans le sud profond, à Macon en Géorgie, un film pour le moins atypique sur un forcené de la vérité.
Tiré d’un roman de Flannery O’Connor publié en 1952, « Wise Blood » est une comédie dramatique et satirique qui n’a pas peur du grotesque et de la démesure. Son personnage principal, Hazel joue de la démesure et de l’honnêteté jusqu’à l’intégrisme pour imposer sa vérité via son gospel anti religieux. Mais qui s’intéresse à la vérité ?
« Je vais fonder une église de la vérité mais sans Jésus Christ crucifié et cela ne vous coûtera rien de la rejoindre »
Hazel (Brad Dourif) a tout d’un illuminé, le regard bleu et glacé, le visage constamment déformé par la rage. Une colère qui ne le quitte jamais. Tout juste revenu de la guerre, avec personne qui l’attend et aucun endroit où aller, il décide de rejoindre la ville la plus proche pour faire quelque chose qu’il n’a jamais fait. A force d’entendre qu’il ressemble à un prêcheur, il va finir par en devenir un. Mais pas question d’enfiler les mensonges mielleux comme ses « concurrents ».
Non, Hazel veut une église sans mensonges, sans figure christique morte pour nos péchés qui nous condamnerait à labourer éternellement notre culpabilité. Il veut y croire, il se bat contre lui-même pour y croire, contre la figure de son grand père décédé (John Huston) qui l’utilisait, enfant, pour faire ses prêches.
Malheureusement, tous les gens qu’il rencontre dans la petite ville du sud dans laquelle il s’est installé, sont des imbéciles et des profiteurs. Sa colère et son désespoir grandissent alors qu’il prêche rageusement, plus pour se convaincre lui-même que les autres…. jusqu’à l’auto destruction, inévitable.
DVD/Blu-ray FR. Studio Carlotta (2008). Version originale sous-titrée en français et version française. Bonus : préface de Patrick Brion, interview de Christian Viviani, rédacteur à Positif