Un bric à brac déséquilibré mais avec de belles séquences (dont des animations inspirées de Picasso) et un joli couple Albert Finney et Yvette Mimieux
The Picasso Summer (1969)
Réalisé par Robert Sallin
Ecrit par Ray Bradbury (sous le pseudo de Douglas Spaulding) et Edwin Boyd d’après une nouvelle de Ray Bradbury
Avec Albert Finney, Yvette Mimieux, Luis Miguel Dominguín,…
Direction de la photographie : Vilmos Zsigmond / Production design : Jeremy Kay / Direction artistique :
Damien Lanfranchi / Musique : Michel Legrand
Produit par Bruce Campbell et Wes Herschensohn
Romance / Animation
92mn
USA
George Smith (Albert Finney) est architecte à San Francisco et il vient juste de finir un gros projet pour le cabinet où il travaille. Rien de très sexy, il s’agit d’un entrepôt. Déprimé, George se demande ce qu’il va faire de sa semaine de vacances. Inspiré par les dessins de son peintre préféré, Picasso, qui tapissent les murs de leur appartement, George propose à sa femme Alice (Yvette Mimieux) de partir dans le sud de la France pour rencontrer Picasso.
« The Picasso Summer » est un objet filmique non identifié qui mélange romance, travelogue, road trip, documentaire et film d’animation ! Le concept du film est dû à l’artiste d’animation américain Wes Herschensohn qui s’est inspiré d’une nouvelle de Ray Bradbury (écrivain américain célèbre pour son travail dans la SF, de « Farenheit 451 » aux « Chroniques martiennes » et dans le fantastique.
Wes Herschensoh s’est formé à l’écurie Disney (il a notamment travaillé sur « Sleeping Beauty » en 1959), puis sur des dessins animés pour la télé (The New Adventures of Superman). Ici il réalise trois séquences animées d’environ cinq minutes chacune inspirées du travail de Picasso. On ne peut que saluer la prouesse.
Le couple est interprété par l’anglais Albert Finney (nomminé aux Oscars cinq ans plus tôt pour « Tom Jones« ) et Yvette Mimieux, alors femme du réalisateur Stanley Donen et qui sortait de « Dark of the Sun » (1968) de Jack Cardiff. Notons, détail amusant, que Finney venait justement de tourner dans un film de Donen « Two for the Road » (1967), un road movie romantique qui se déroulait également dans le sud de la France – mais cette fois-ci avec Audrey Hepburn dans le rôle principal féminin (et sans Picasso !).
Le film a souffert d’une production compliquée. Le réalisateur d’origine, le français Serge Bourguignon (« Les dimanches de Ville d’Avray », 1962) s’est fait virer du film après avoir rendu sa copie. La production embauche alors un inconnu Robert Sallin pour retourner le film. La monture finale ne sera pas diffusée dans les salles américaines mais directement à la télévision. Wes Herschensohn sortira de cette mésaventure dégoûté de voir le rêve de sa vie ainsi malmené et consacrera un livre sur le sujet paru dix ans plus tard « Resurrection in Cannes: Making of the Picasso Summer ».
Du coup on ne s’étonnera pas de faire face à un film intriguant mais profondément déséquilibré. L’histoire de ce couple est insignifiante, et il n’y a pas vraiment d’histoire. Une enquête vaine pour tenter de trouver Picasso et dégorgeant de digressions, que ce soient à travers les grandes ballades en motocyclettes de nos deux tourtereaux américains dans les paysages enchanteurs de la Côte d’Azur où ils rencontrent des énergumènes français (quelles créatures bizarres !), les séquences d’animation et une petite escapade en Espagne où George passe du temps à parler de Picasso et des corridas (il ira même chatouiller du taureau) avec le toréador mythique Luis Miguel Dominguín dans son propre rôle (on a droit par ailleurs à une corrida joliment filmée mais qui risque de déplaire aux âmes sensibles et aux anti-corridas). Le tout est mis en musique par un Michel Legrand inspiré.
« The Picasso Summer » est composé de jolis morceaux pris chacun séparément, mais qui fonctionnent discutablement quand elles sont mises bout à bout pour tenter d’en faire un film. Reste une curiosité parfois sympathique et avec quelques fuglurances.
On ne s’étonnera pas de savoir qu’encore aujourd’hui, il est difficile de mettre la main sur ce film. Warner Bros a eu l’immense bonté de le rendre disponible en DVD dans sa collection Archive, c’est à dire un DVD dézonné, sans aucun bonus ni même un menu. Mais bon c’est mieux que rien !
DVD US dézonné. Studio Warner Bros, Archive collection. Version originale sans sous-titres.