Une satire de la domination sociale des riches sur les pauvres qui s’étend ici dans les pires extrêmes. Un film cultissime, plus que jamais d’actualité et qui contient l’une des scènes d’orgie les plus mythiques du cinéma !

Society (1989)

Réalisé par Brian Yuzna

Ecrit par Rick Fry et Woody Keith

Avec Billy Warlock, Devin DeVasquez, Evan Richards, Ben Meyerson,…

Direction de la cinématographie : Rick Fichter / Direction artistique : Kelle DeForrest / Montage : Peter Teschner / Musique : Phil Davies et Mark Ryder

Produit par Keith Walley

Comédie / Horreur

99mn

USA

Bill (Billy Warlock) est un adolescent américain issu d’une famille aisée. Il est populaire à l’école et tout semble lui réussir, mais il va voir un psy car il a l’impression que ses parents ne l’aiment pas et qu’ils ont un comportement très différent avec sa soeur. Son psy conclut à la parano typique de l’adolescence. Mais l’ex de sa soeur lui fait écouter un enregistrement audio dans lequel sa soeur et ses parents évoquent une soirée d’orgie ! Traumatisé, Bill refuse dans un premier temps d’y croire, mais quelques jours plus tard son ami meurt dans un accident de voiture.

Producteur indépendant qui a eu un succès inespéré avec « Re-Animator » (1985), une comédie gore signée Stuart Gordon très vaguement inspirée de Lovecraft, Brian Yuzna passe à la réalisation en 1989 avec « Bride of Re-Animator » et « Society »… tout en co-signant un premier jet de scénario et la production de « Honey, I Shrunk the Kids » (1989) pour Disney !

Si son projet pour la souris aux grandes oreilles aura le succès que l’on sait, et que « Bride of Re-animator » a su construire sur la réussite de « Re-animator », pour « Society » c’est le bide total. Faut-il s’en étonner ? Le résultat final de « Society » est pour le moins atypique. Satire acide sur la domination sociale des riches sur les pauvres, « Society » reste éloigné de l’horreur et emprunte plutôt ses codes aux comédies pour ados à succès des années 80 (comme celles signées par John Hugues avec Molly Ringwald) mais y glisse une ambiance malsaine avant de virer dans son dernier quart vers un délire gore jamais vu à l’écran !

Reste que vu en 2019, le film est d’une actualité brûlante, semblant résumer à la perfection la violence sociale de la présidence du canard à l’orange en chef, j’ai nommé Donald Trump, et de tous les apôtres du libéralisme économique débridé. De nos jours, les classes dominantes se prélassent dans la vulgarité, n’hésitent plus à se servir de la démocratie comme d’un vulgaire paillasson bon marché et à traiter les pauvres comme un bout de déjection canine qui serait resté attachée aux semelles de leurs pompes de luxe qui valent à elles seules plusieurs SMIC. Même Ronald Reagan doit s’en retourner dans sa tombe !

La scène d’orgie est mythique et a nécessité pas moins d’une semaine de tournage à elle seule avec les prothèses et maquillages d’un artiste japonais répondant au doux nom de Screaming Mad George. Nom qui lui va parfaitement bien ! Ce « maquilleur surréaliste » s’inspire ici des toiles de Dali pour un résultat aussi glaçant qu’improbable et désormais rentré dans la légende.

Aujourd’hui, « Society » peut largement prétendre au statut de film culte. C’est la plus belle réussite de Yuzna et le chef d’oeuvre de Screaming Mad George.  Et on a beaucoup de chance car le petit mais valeureux éditeur français « The Ecstasy of Films » a sorti au printemps 2018 une édition blu-ray de « Society » de toute beauté avec des bonus très intéressants (livret, interviews,…). Edition malheureusement limitée à mille exemplaires et aujourd’hui déjà difficilement trouvable.

« The Ecstasy of Films » prépare également une ré-édition combo blu-ray/DVD de « Re-animator » qui sort en mars 2019. Croisons les doigts et espérons qu’ils ne s’arrêteront pas en si bon chemin.

Blu-ray FR. Studio The Ecstasy of FIlms (2018). Edition limitée à 1000 exemplaires. Version originale avec des sous-titres français et version française. Bonus : Livret de 16 pages / interview avec Brian Yuzna (17 mn) / Interviews avec les acteurs (22 mn) / interviews avec Screaming Mad George et des membres de l’équipe des effets spéciaux (21 mn).