Réalisé dans la précipitation pour répondre au succès du premier film de Dario Argento, voici un giallo au scénario un peu patraque mais avec des qualités indéniables
Giornata nera per l’ariete (1971)
(Journée noire pour un bélier)
Réalisé par Luigi Bazzoni
Ecrit par Luigi Bazzoni, Mario di Nardo et Mario Fanelli
Avec Franco Nero, Silvia Monti, Rossella Falk, Pamela Tiffin, Wolfgang Preiss, Agostina Belli, Ira von Fürstenberg, Edmund Purdom,…
Direction de la photographie : Vittorio Storaro / Direction artistique : Gastone Carsetti / Montage : Eugenio Alabiso / Musique : Ennio Morricone
Produit par Manolo Bolognini
Thriller / Crime
93mn
Italie
Le film s’ouvre sur une séquence filmée d’un point de vue subjectif en fish-eye (hyper grand angle) lors d’une soirée du premier de l’an. On entend en voix off une voix masquée qui confie son intention de tuer cinq personnes pour « un mobile rationnelle en considérant la grandeur de mon but ». Peu après, alors qu’au matin tout le monde rentre chez soit, on fait la connaissance d »Andrea Bild (Franco Nero), un journaliste alcoolique qui ne s’est toujours pas remis de sa séparation avec Hélène (Silvia Monti) et entretient des rapports tendus avec sa direction. Alors que plusieurs meurtres sont commis par l’homme à la voix masquée, la police commence à suspecter Bild, la seule personne qui connaissait toutes les victimes.
Le réalisateur Luigi Bazzoni n’a réalisé qu’une poignée de films dont l’étonnant « Le Ormo » (co-écrit et co-réalisé avec Mario Fanelli) et le western spaghetti « uomo, l’orgoglio, la vendetta » (1967) qui avait déjà pour acteur principal Franco Nero, l’une des plus grandes stars du cinéma italien, révélée grâce à « Django » en 1965, et vue dans d’innombrables westerns, gialli et eurocrimes durant les fécondes années 70 (sans compter sa participation à « Force 10 from Navarone »). Ceci dit, Franco Nero n’a pas chômé depuis ! Il en est actuellement à 234 crédits sur les écrans si j’en crois Imdb… et il continue de tourner !
« Giornata nera per l’ariete » (Journée noire pour un bélier), c’est d’abord une histoire d’amis. Quand Franco Nero est arrivé à Rome au début des années 60, l’une des premières fois qu’il a tourné c’était dans un court métrage de son ami Luigi Bazzoni (Uno delitto, 1963) avec un opérateur caméra nommé Vittorio Storaro. Depuis, ce dernier était devenu directeur de la photographie sur un certain » L’uccello dalle piume di cristallo » (L’oiseau aux plumes de crystal), le premier film de Dario Argento.
Après le triomphe du film d’Argento, tous les producteurs de la péninsule voulurent tourner des gialli. Et le scénario de « Giornata nera per l’ariete » fut proposé à Bazzoni, qui avait du mal à rebondir depuis qu’il avait refusé de réaliser un nouveau western spaghetti. Après avoir voulu monter une adaptation du roman « The Exorcist » (qui sera porté à l’écran quelques années plus tard aux USA avec le succès que l’on sait) et s’être intéressé à une adaptation de Tarzan, il a saisi l’opportunité de réaliser ce giallo et a invité ses copains Nero et Storaro à participer. Ce dernier allant jusqu’à refuser un projet avec Antonioni pour tenir la parole qu’il avait donné à son ami.
Au-delà de ce trio, notons quand même dans le rôle d’Hélène, l’ex de BIld, la majestueuse Silvia Monti, vue la même année dans l »excellent « Una lucertola con la pelle di donna » (Le venin de la peur) signé Lucio Fulci. Elle n’a tourné que durant les années 70 mais a quand même 19 films à son actif. Sans oublier la musique signée par Ennio Morricone (à qui on doit également la BO du film d’Argento).
« Giornata nera per l’ariete » est un giallo de facture classique au niveau du scénario, d’ailleurs un peu confus. Ce qui n’est guère étonnant vue que son écriture a été précipitée pour répondre au succès du film d’Argento. Loin d’être accessoires, les personnages féminins y sont les plus intéressants même quand ils sont à peine ébauchés. Les acteurs sont parfaits. La photographie de Vittorio Storaro est élégante et imaginative (avec un très bel usage de la semi obscurité).
« Giornata nera per l’ariete » a été édité en France en DVD par l’éditeur Le chat qui fume. Le film y est proposé en version italienne sous-titrée en français et en version française. Et vous avez le droit à un bonus intéressant : un entretien avec le directeur de la photographie Vittorio Storaro et Franco Nero.