Une comédie romantique et dramatique signée George A. Romero ! Un film quasi introuvable qui vaut pourtant le coup d’oeil.

There’s Always Vanilla (1971)

Réalisé par George A. Romero

Ecrit par Rudy Ricci

Avec Raymond Laine, Judith Ridley, Johanna Lawrence,…

Direction de la photographie : George A. Romero / Montage : George A. Romero / Musique : Jim Drake et Steve Gorn

Produit par John A. Russo

Comédie romantique / Drame

USA

Trois ans après son premier long, »Night of the Living Dead », un film de 1968 à petit budget tourné en noir et blanc qui a révolutionné le film d’horreur, George Romero sort… une romance, entre comédie et drame.

« There’s Always Vanilla » raconte l’histoire de Chris (Raymond Lane) un jeune homme, guitariste de studio à Chicago, qui décide de tout laisser tomber et de rentrer chez lui à Pittsburg, où il n’avait pas mis les pieds depuis 5 ans. Là il retrouve son père (Roger McGovern), cadre moyen, qui passe ses soirées dans une boite à strip tease. Et justement il cherche l’une des danseuses, son ex petite amie qu’il a brutalement quittée cinq ans plus tôt. Elle a désormais un fils, qui serait le sien, et il décide donc de rester dans les parages… le temps de décider de ce qu’il va faire.

Il rencontre une jeune femme très belle, Lynn (Judith Ridley) qui tourne des publicités, fille d’un célèbre présentateur télé local. Il s’installe chez elle… le temps de décider de ce qu’il va faire.

Car là est bien le problème de Chris, il ne sait pas ce qu’il veut. Tout l’ennuie, il refuse de prendre la vie, l’amour ou encore le travail au sérieux… Et évidemment Lynn finit par en avoir marre.

« There’s Always Vanilla » est apparemment une comédie romantique qui cache en fait un portrait désenchanté d’une jeunesse désoeuvrée, hantée par la guerre du Vietnam. Chris est paumé et son inconséquence va pousser Lynn a vouloir se faire avorter (à une époque où c’est encore illégal). La scène m’a fait notamment pensé à un film britannique qui était dans l’air du temps et qui cache aussi, sous une apparence de comédie, un drame profond (et où il y a également une scène d’avortement choquante, « Alfie » en 1966). Ce n’est d’ailleurs pas la seule similarité entre les deux films (Alfie, personnage hautement égocentrique, parle également directement à la caméra).

Au-delà de ce portrait de la jeunesse peu reluisant, on retrouve une satire de la société de consommation (que Romero attaquera avec véhémence en 1985 dans « Dawn of the Dead ») et particulièrement ici de l’univers de la publicité qui en est le moteur. Il y a des scènes assez drôles quand Chris arrive à se faire recruter dans une agence de publicité.

La narration est volontairement hachée du fait de choix de montage abruptes. D’autant que le film est entrecoupé de courtes scènes où Chris commente ce qui se passe ou va se passer face à la caméra (scènes par ailleurs pas franchement utiles).

« There’s Always Be Vanilla » a été pendant très longtemps introuvable. Et la seule façon de le voir était d’assister à sa projection dans le cadre d’une programmation très pointue. C’est ainsi que j’ai pu enfin voir ce film, dans une copie de mauvaise qualité (la pellicule avait viré dans le magenta), à la Cinémathèque en décembre 2017 dans le cadre d’une rétrospective Romero. Mais il faut noter que depuis peu, l’éditeur anglais Arrow en propose un nouveau transfert  disponible dans son coffret limité « George Romero Between Night And Dawn » (une édition en blu-ray unitaire devrait être disponible en mars 2018).

Comment se fait-il qu’un film, fut-il considéré comme mineur, d’un cinéaste aussi important, soit encore aujourd’hui largement ignoré ? D’abord parce que Romero dénigre lui-même le film. Ensuite, parce qu’il dénote dans la filmographie de Romero. Moins original et abouti qu’un « Knightriders » (1981) s’il faut citer un autre OFNI de Romero.

Pour autant « There’s Always Vanilla », s’il est un produit de son époque, n’est pas honteux, loin s’en faut. Ca reste un bon portrait d’une certaine jeunesse paumée qui ne peut se résoudre à adopter la vie monotone de ses parents. Mais est-ce vraiment évitable ? Que veut Chris au juste ? Comme le résume à peu près son père  :

« Tu es comme quelqu’un qui rentre chez un glacier et voit tous ces parfums exotiques. Tu peux te laisser tenter par un parfum différent mais s’il n’y en a plus la semaine suivante tu seras déçu. Alors que quelqu’un qui choisit de la vanille ne sera jamais déçu. Il y aura toujours de la vanille. »

Une conclusion pleine d’ironie et qui donne plutôt raison à Chris. Qui veut manger de la glace à la vanille tous les jours de sa p**tain de vie ?

Blu-ray UK. Studio Arrow Video (2017) dans le coffret « George Romero Between Night And Dawn »(2017). Version originale avec des sous-tires anglais