De beaux portraits de deux mères, politiquement éloignées, mais qui vont se rapprocher pour tenter de sauver leurs fils, emprisonnés par le gouvernement thatchérien en tant que « terroristes » de l’IRA
Some Mother’s Son (1996)
Réalisé par Terry George
Ecrit par Terry George et Jim Sheridan
Avec Helen Mirren, Fionnula Flanagan, Aidan Gillen, John Lynch, Tom Hollander, Ciarán Hinds,…
Directeur de la photographie : Geoffrey Simpson / Production design : David Wilson / Direction artistique : Conor Devlin / Montage : Craig McKay / Musique : Bill Whelan
Produit par Edward Burke, Arthur Lappin et Jim Sheridan
Drame
112mn
Irlande / USA
Début des années 80. Kathleen Quigley (Helen Mirren) est enseignante dans un lycée catholique en Irlande du Nord. Si elle est apolitique, ce n’est pas le cas de son fils ainé Gerard (Aidan Gillen) qui apporte son soutien à des opérations de l’I.R.A. Le soir de Noël, alors que Gerard accompagne Frank Higgins (David O’Hara) qui, bien qu’en fuite, souhaite voir sa famille dont sa mère Annie (Fionnula Flanagan). Quand les deux hommes sont arrêtés, Kathleen et Annie se retrouvent côté à côte. Mais Annie, qui a déjà perdu un fils, est engagée. Pendant ce temps, le leader Bobby Sands (John Lynch) entraine ses partenaires de prison, dont Gerard et Frank, à se battre pour être reconnu comme des prisonnier politiques.
Le film s’ouvre sur le discours de Margaret Thatcher alors qu’elle s’apprête à prendre possession du 10 Downing Street. Un discours d’espoir où elle cite Saint François d’Assise. C’est bien entendu ironique puisque le film va le montrer, Thatcher va justement détruire tout espoir pour beaucoup, dont les catholiques nord irlandais. La repression, et le traitement des indépendantistes comme de simples terroristes à éliminer va notamment engendrer le martyr de Bobby Sands et de ses compagnons en 1981.
« Some Mother’s Son » ne raconte pas directement l’histoire de Bobby Sands, mais plutôt de la protestation qu’il a mené et l’impact sur deux de ses suiveurs et de leur familles respectives. Ici les personnages principaux sont bien les mères, celles de Gerard et Frank, qui même si elles ne sont pas alignées politiquement, se retrouvent dans la même situation.
Les deux femmes sont touchantes et jouée par d’excellentes actrices (Helen Mirren et Fionnula Flanagan) qui savent faire passer des émotions sans trop en rajouter. On ne tombe pas dans le dégoulinant, le film reste sobre.
A noter que « Some Mother’s Son » mêle fiction et réalité. Si Frank et sa mère Annie ont bien existé, ce n’est pas le cas de Kathleen et Gerard. De même plusieurs personnages sont inventés pour l’occasion dont Danny Boyle, le chef local du Sinn Féin et Farnsworth, le terrible agent du gouvernement britannique.
Durant les années 80 et 90, de nombreux films traiteront du sujet de la crise irlandaise. D’ailleurs c’est le deuxième long métrage co-écrit par le Dublinois Jim Sheridan et le Belfastois Terry George sur le sujet. Trois ans plus tôt ils avaient déjà collaboré sur « The Name of the Father » (1993) et ils signeront encore ensemble « The Boxer » (1997), deux films réalisés par Sheridan et avec pour acteur principal Daniel Day-Lewis.
Pour sa part, Helen Mirren avait déjà tourné sur le thème des troubles en Irlande du Nord, « Cal » (1984) où elle jouait face à John Lynch qui interprète ici Bobby Sands.
« Some Mother’s Son », présenté à Cannes dans le cadre d’Un Certain Regard, est sûrement le moins connu des trois films co-scénarisés par Sheridan et George. C’est aussi un film plus en retenue. La description des violences et la la grève de la faim qui mènera à la mort de Bobby Sands est ici bien moins graphique que dans le film « Hunger » (2008) de Steve McQueen.
S’il prend clairement la cause des irlandais catholiques contre la répression menée par le gouvernement de Thatcher, « Some Mother’s Son » montre toutefois les enjeux politiques qui pour le Sinn Féin et l’église, l’emportent in fine sur la question de la vie des prisonniers… avec pour principale victime les familles.
« Some Mother’s Son » montre efficacement, et sans excès, le combat de deux mères qui doivent faire face aux engagements de leur fils et qui devront finalement décidé si elles interviennent in extremis pour rompre la grève de la faim et ainsi sauver leur fils… contre leur volonté.
DVD Warner Archive. Version originale sans sous-titres