Quand la musique du diable attire les vampires ! Un drame horrifique pas très subtil mais un bel hommage au blues et à l’histoire afro-américaine

Sinners (2025)

Ecrit et réalisé par Ryan Coogler

Avec Michael B. Jordan, Miles Caton, Saul Williams, Andrene Ward-Hammond, Jack O’Connell, Tenaj L. Jackson, Dave Maldonado,…

Direction de la photographie : Autumn Durald Arkapaw / Production design : Hannah Beachler / Montage : Michael P. Shawver/ Musique : Ludwig Göransson

Produit par Ryan Coogler, Zinzi Coogler et Sev Ohanian

Drame / Horreur

137mn

USA / Australie / Canada

je parle rarement de films récents mais là je pouvais tout simplement pas passer à côté de « Sinners ». Non que je sois particulièrement intéressé par Ryan Coogler, réalisateur, scénariste et producteur de « Sinners ». Je n’ai vu qu’un film de lui, « Black Panther » (2017) et je n’ai pas été emballé (euphémisme). Par contre, je suis assez fan de blues (c’est également un euphémisme), donc il m’est difficile de passer à côté d’un tel film qui se déroule dans un juke joint, bar clandestin réservé aux noirs où on joue du blues.

Le film se déroule dans le Mississippi des années 30. L’esclavage a été aboli mais les vieilles habitudes ont du mal à disparaitre. Les noirs récoltent le coton pour de grands propriétaires blancs à qui appartiennent les terres.  Le Ku Klux Klan s’en prend aux noirs qui auraient oublié quelle était leur place. Comme les frères jumeaux Smoke et Stack (incarnés par Michael B. Jordan), les plus téméraires montent dans le Nord, à Chicago, où l’argent pousse dans les arbres et où un noir peut avoir une vie normale.

Mais comme beaucoup d’autres avant eux, les frangins ont vite déchanté, et après avoir gagné de l’argent pas très honnêtement, ils décident de rentrer chez eux pour investir leurs économies dans un juke joint. Le problème ? Ils vont être la cible d’un vampire (irlandais of course comme Bram Stoker, l’auteur de Dracula), attiré par leur cousin Sammie (Miles Caton), le chanteur de blues, le fils d’un pasteur qui joue la musique du diable et à qui ils ont décidé de confier l’animation musicale de la soirée.

Les meilleurs musiciens de blues, comme Robert Johnson et Charlie Patton, ont la réputation d’avoir vendu leur âme au diable contre leur talent. Il y est fait allusion dès l’introduction du film, et  Sammie a reçu comme cadeau de la part des frangins une guitare qui aurait appartenue à… Charlie Patton.

Alors que la fête bat son plein, Ryan Coogler a l’idée de mélanger (en plan séquence) des danseurs africains et des rappers. un guitariste tout droit sorti des seventies,…. Les racines et l’évolution de l’identité et de la culture afro-américaines. C’est pas très subtil, mais ça a le mérite de dresser un trait d’union entre le passé et le présent. On ne vient pas de nulle part.

Les vampires tentent de séduire les survivants car ils ne peuvent rentrer dans la grange transformée en juke joint sans y être invités. D’après leur chef, Remmick (Jack O’Connell), l’état de vampire leur apportera enfin la liberté qu’ils n’ont jamais pu obtenir : « Vous n’êtes pas en sécurité ici. Vous pouvez avoir autant d’armes et d’argent que vous voulez, ils peuvent vous les prendre quand ils veut veulent. Vous avez créé quelque chose ici, et c’était beau, mais ça été construit sur un mensonge…. Ils ont toujours voulu vous tuer. »

L’épilogue (ne partez pas au début du générique) met en scène Buddy Guy qui interprète un Sammie vieux (pas de spoiler ici puisqu’on sait dès le début qu’il a survécu). Buddy Guy est la dernière légende vivante du blues qui a commencé sa carrière dans les années 50 et, âgé aujourd’hui de 88 ans, continue à jouer (il est passé pour la dernière fois en France il y a trois ans). C’est un bel hommage et c’est ainsi qu’il faut voir « Sinners », un hommage aux racines afro-américaines et à la lutte de ce peuple. Ce n’est pas subtil pour un sou mais ça marche et c’est plutôt bien fichu ! Et utile par les temps qui courent. Le film a d’ailleurs reçu un accueil très positif aux USA que ce soit auprès des critiques que du public.