Un revenge movie devenu culte qui est l’un des premiers films à aborder le difficile retour au bercail des vétérans du Vietnam

Rolling Thunder (1977)

(Légitime violence)

Réalisé par John Flynn

Ecrit par Paul Schrader et Heywood Gould

Avec William Devane, Tommy Lee Jones, Linda Haynes,…

Directeur de la photographie : Jordan Cronenweth / Montage : Frank P. Keller / Direction artistique : Stephen Myles Berger / Musique : Barry De Vorzon

Produit par Norman T. Herman

USA

1973. San Antonio, Texas. Charles Rane (William Devane) est un vétéran de l’armée. Considéré comme un héros de guerre par sa ville, il se voit offrir de nombreux cadeaux par la communauté. Une bande de voleurs y voit l’occasion de s’enrichir et prend d’assaut la maison du commandant. Sa femme et son fils y perdent la vie. 6 semaines plus tard, l’heure de la vengeance a sonné pour Rane…

Charles Rane est un officier américain qui a passé des années prisonnier de guerre au Vietnam. Enfin libéré, il est accueilli en héros dans sa ville. Mais Rane reste hanté par les séances de torture qu’il a subi. De plus, il a du mal à recréer des liens avec son jeune fils qui ne l’a pratiquement pas connu et sa femme s’est mis en couple pendant son absence et souhaite divorcer. Bref, le retour au bercail a un goût amer. Mais il va virer au cauchemar quand des braqueurs vont le braquer, lui broyer la main et tuer sa femme et son fils.

Sa rencontre avec la  belle Linda, une jeune serveuse qui le vénère, ne l’aidera guère. Quand celle-ci lui reproche ses silences, Rane se décrit d’ailleurs comme mort.

Rane est peut-être mort, mais il tient quand même à venger l’assassinat de son fils. Et pour ce faire, il se rapprochera du seul homme qui peut le comprendre, son compagnon d’infortune Johnny (Tommy Lee Jones).

La première version du scénario, qui date de 1973, est due à Paul Schrader qui souhaite alors en assurer la réalisation. L’histoire est très dure et a pour protagoniste un major Raine antipathique et raciste. Après trois ans de rejets, Schrader trouve finalement un producteur qui accepte d’être de l’aventure : Lawrence Gordon. Celui-ci recrute le scénariste Heywood Gould qui a pour mission d’adoucir un peu le script afin de le rendre acceptable par un studio. Mission réussie car la 20th Century Fox, alors dirigée par Alan Ladd Jr (et qui s’apprête à sortir Star Wars), accepte de financer le film (pour un montant assez modeste d’un million de dollars).

Gordon décide de confier la réalisation du film à un jeune réalisateur, John Flynn (qui s’était fait remarquer cinq ans plus tôt avec le très chouette « The Outfit« ), car il sent que Schrader n’est pas prêt à passer à la réalisation. Pour le rôle principal, il souhaite le confier à un jeune inconnu Tommy Lee Jones qu’il avait repéré dans une production de Roger Corman « Jackson County Jail » (1976). Mais Ladd refuse et impose William Devane.

A peine le film achevé, la Fox décide d’organiser une projection test. Mais c’est une catastrophe. La violence de deux scènes suffit à causer une quasi émeute. Et la 20th Century Fox décide de se retirer du projet à moins que le film soit en partie retourné. Gordon refuse et fait racheter le film par AIP. Le distributeur réclame également une projection test mais cette fois-ci Gordon et Flynn se mettent d’accord pour couper un bout de scène (celle où l’on voit le moignon sanguinolent de Rane sortir du broyeur). Bingo, la projection se déroule cette fois sans incident.

A sa sortie, même s’il bénéficie du nom à l’affiche de Paul Schrader qui vient de triompher avec « Taxi Driver », le film connaît seulement un succès d’estime. Mais avec les années, « Rolling Thunder » a acquis un statut culte, notamment grâce à Quentin Tarantino.

Statut culte qui n’est pas injustifié. C’est un revenge movie assez classique sur la forme, mais le fond est riche et innovant pour l’époque. C’est l’un des premiers films (sinon le premier) à aborder le retour des vétérans du Vietnam, et des traumatismes incurables qu’ils ont ramenés avec eux.

Le film bénéficie d’une réalisation solide – notamment sur les scènes d’action, de personnages assez bien développés (j’ai un petit regret pour le personnage de Johnny), de décors intelligemment utilisés (un parc bovin, une église désaffectée, un bordel,…),… Niveau casting, le choix de William Devane (qui trouve ici sûrement son plus grand rôle) me semble plutôt bon. Il y a quelque chose d’intrinsèquement inquiétant dans son rictus permanent. Et Tommy Lee Jones ainsi que Linda Haynes (révélation féminine du film) sont tous deux excellents.

L’éditeur Wilde Side nous livre une version collector méritée avec une bonne copie du film (quoiqu’un peu granuleuse) et des bonus intéressants dont un livre richement documenté et illustré, signé Philippe Garnier.

Blu-ray/DVD FR. Studio Wild Side. Version originale et version sous-titrée française. Bonus : interviews avec Linda Haynes et Lawrence Gordon + le livre « Tempête dans un crâne : un film prématuré ? » écrit par Philippe Garnier, illustré de photos et documents d’archives rares (128 pages)