Robert Altman signe un film de SF apocalyptique métaphysique aussi sombre qu’opaque. Une curiosité improbable très seventies
Quintet (1979)
Réalisé par Robert Altman
Ecrit par Frank Barhydt, Albert Altman et Patricia Resnick
Avec Paul Newman, Vittorio Gassman, Bibi Andersson, Brigitte Fossey, Fernando Rey,…
Direction de la photographie : Jean Boffety / Production design : Leon Ericksen / Direction artistique : Wolf Kroeger / Montage : Dennis M. Hill / Musique : Tom Pierson
Science-fiction / Drame
Produit pour Lion’s Gate Films
USA
Dans un futur où la Terre est retournée à l’âge glacière, les survivants comptent les jours avant la fin du monde habitable due à l’avancée des glaciers. Parti dans le sud chassé les phoques pendant dix ans, Essex (Paul Newman), accompagné de Vivia (Brigitte Fossey), le fille d’un ami, part à la recherche de son frère dans une des villes qui existent encore. Mais il retrouve une ville où pour gagner de quoi nourrir et se chauffer, les gens jouent leur vie en jouant à un jeu, le quintet, où parmi six participants un seul doit survivre. Rapidement, Essex fait l’expérience douloureuse du terrible jeu et décide de participer.
C’est la deuxième fois après « Countdown » (Objectif Lune, 1967) que le réalisateur Robert Altman signe un film de science-fiction. Avec « Quintet, nous sommes en plein dans la science-fiction post-apocalyptique qui est alors à la mode (« Phase IV« , « Zardoz« , « Memoirs of a Survivor« ,…). Le scénario est très sombre, nous sommes plongé dans un monde où le mot « ami » n’existe plus, où chacun doit se battre pour survivre, en attendant l’inévitable. Dans la ville de glace cauchemardesque où Essex arrive, la mort fait partie du quotidien et les cadavres sont dévorés par les chiens, tandis que ceux qui sont encore en vie jouent donc au fameux quintet (« tout ce qui a de la valeur fait partie du jeu. Le jeu est la seule chose de valeur »).
Apparemment, le quintet est un vrai jeu dont les règles ont été inventées par Altman et ses scénaristes. Et les règles du jeu étaient distribuées à l’entrée des salles de cinéma. Je ne sais pas si ça aidait à la compréhension du film, mais comme beaucoup de films de SF intellos des seventies, on se retrouve face à un film abscond qui est assez difficile à suivre.
Comme le dit St Christopher (joué par Vittorio Gassman), une sorte de prêtre de l’apocalypse et joueur cruel, à son assemblée de pauvres âmes :
« Vous devez chérir votre vie de tourments, car c’est une pause, une trêve du néant qui précède et suit la vie. »
Rien compris, mais ça n’a pas l’air très drôle ! En perte de sens, la vie n’a de toute façon aucune importance. Et là je cite Ambrosia (Bibi Andersson) :
« Tenter de prolonger la vie ne sert à rien. Dans quelques années, quelques mois peut-être tout sera mort ».
Ou on peut le prendre d’une façon plus positive en citant l’arbitre du jeu, Grigor (Fernando Rey) en répondant à Essex qui lui fait remarquer qu’il n’a vu atour de lui que « la mort ou la perspective de la mort » :
« C’est ce qui donne le prix à la vie. Chaque fois qu’on trompe la mort, on éprouve l’ineffable joie de vivre ! C’est pour ça que je suis si heureux dans ce monde de glace. »
Essex qui croit encore dans le sens des choses, participe au jeu car il veut comprendre la raison du jeu et de la liste de six noms qu’il a trouvé. Est-il le seul à croire encore ? Et est-ce que ça lui sera fatal ?
Robert Altman ne fait pas en tout cas les choses à moitié. Pour faire bien sentir le froid, les plateaux de tournage étaient conservés à une température frigorifique. Et le film est entièrement avec un gel transparent qui est disposé sur les coins de l’objectif (avec seulement le milieu qui est net) et qui donne l’impression qu’on regarde à travers une fenêtre gelée. Une idée également très seventies !
Le casting est assez exceptionnel avec Paul Newman (le seul Américain) et Vittorio Gassman mais aussi Bibi Andersson et Brigitte Fossey. Les décors glacés font aussi leur effet. Mais on ne sera guère étonné d’apprendre que le film a été un bide à sa sortie, le troisième d’affilée pour Altman, qui l’amènera à accepter un film de commande, la grosse production « Popeye ». Un autre mauvais choix mais qui n’empêchera pas pas Altman, véritable Stakhanoviste de la caméra (13 films durant les années 70), de continuer à tourner, toujours et encore (huit films plus un segment de « Aria » et cinq téléfilms dans les années 80) !
J’ai personnellement pu voir « Quintet » en VOD sur FilmoTV dans une qualité très moyenne mais voici encore un film difficile à trouver.