Drame psychologique et thriller proto gallio, La donna del lago marque les esprits par sa superbe photographie et son ambiance délétère très travaillée

La donna del lago (1965)

(La femme du lac)

Réalisé par Luigi Bazzoni et Franco Rossellini

Ecrit par Giulio Questi, Luigi Bazzoni et Franco Rossellini d’après le roman de Giovanni Comisso

Avec Peter Baldwin, Salvo Randone, Valentina Cortese, Pia Lindström, Virna Lisi,…

Direction de la photographie : Leonida Barboni / Direction artistique : Luigi Scaccianoce / Montage : Nino Baragli / Musique : Renzo Rossellini

Produit par Manolo Bolognini

Thriller / Drame

95mn

Italie

« La dona del lago » est un film un peu oublié aujourd’hui à part pour les completistes du giallo. Contemporain de « La ragazza che sapeva troppo » (1963) et de « Sei donne per l’assassino » (1964) de Mario Bava, considérés comme les tous premiers vrais gialli, ce film mérite pourtant une meilleure place dans la mémoire et le coeur des cinéphiles.

A la fois drame psychologique et thriller, on y retrouve de nombreuses caractéristiques du giallo, genre inspiré du thriller hollywoodien des années 40 et 50 et de la littérature policière populaire : un mystère autour d’une femme disparue, une femme fatale, le thème de la folie, des victimes tuées à l’arme blanche, une photographie très léchée et la musique digne de Bernard Hermann, le compositeur qui a souvent travaillé avec Hitchcock.

Le film s’ouvre sur Bernard (Peter Baldwin) qui téléphone dans une cabine. Il parle avec une femme, dit qu’il la quitte et qu’il doit rejoindre une autre femme. Après le générique, Bernard prend sa voiture et arrive dans un hôtel  au bord d’un lac. C’est l’hiver et il est le seul occupant. Il part à la recherche d’une certaine Tilde (Virna Lisi) qu’il avait rencontré l’été passé, mais elle semble avoir disparue.

Les premières explications de la motivation de Bernard sont exprimées en voix off alors qu’il conduit sa voiture. C’est elle qui nous permettra de suivre le cheminement des pensées et les interrogations de Bernard. Toute l’histoire est racontée de son point de vue. Nous voyons ce qu’il voit, nous savons ce qu’il sait.

Le jeu mélancolique de l’Américain Peter Baldwin, la sublime et imaginative photographie noir et blanc signée Leonida Barboni, le travail sur l’ambiance sonore, la musique de Renzo Rossellini. l’action qui se déroule dans un village quasi vide avec ses habitants mystérieux et parfois inquiétants, le temps froid et humide de l’hiver… Tout est en parfaite symbiose pour créer une ambiance étrange et délétère, oppressante.

« La dona del lago » fait partie de ses chefs d’oeuvre étonnants et méconnus qui méritent d’être vus par un plus large public. Adapté d’un roman de l’écrivain natif de Trévise Giovanni Comisso publié en 1962, il est adapté à l’écran et réalisé par un duo, Luigi Bazzoni et Franco Rossellini. Les deux n’auront pas une grande carrière mais ils restent notables dans l’histoire du cinéma italien.

S’il s’agit de la seule réalisation de Franco Rossellini, il participera à la production de quelques classiques (notamment « Django » et trois films de Pasolini)  et a été assistant réalisateur sur quelques autres ( » ISenilità »  et « Agostino » de Mauro Bolognini,…). De son côté, Luigi Bazzoni, ami de Franco Nero (qui a connu la gloire grâce à « Django »), a réalisé une poignée de films comme le giallo « Giornata nera per l’ariete » (1970) avec Franco Nero justement et  » Le orme » (1975) co-réalisé avec Mario Fanelli. Rossellini et Bazzoni se retrouveront sur le western spaghetti « Blu Gang e vissero per sempre felici e ammazzati » (1973), le premier en tant que producteur et le second comme réalisateur.