Film d’action et satire au vitriol, « Cotton Comes to Harlem » est une très bonne surprise réalisée avec savoir-faire par Ossie Davis et bénéficiant d’un excellent casting
Cotton Comes to Harlem (1970)
(Le casse de l’Oncle Tom)
Réalisé par Ossie Davis
Ecrit par Arnold Perl et Ossie Davis d’après Chester Himes
Avec Godfrey Cambridge, Raymond St. Jacques, Calvin Lockhart, Judy Pace, Redd Foxx,…
Direction de la photographie : Gerald Hirschfeld / Direction artistique : Emanuel Gerard / Montage : Robert Q. Lovett / Musique : Galt MacDermot
Produit par Samuel Goldwyn Jr.
Crime / Action / Comédie
USA
Le révérend Deke O’Maley (Calvin Lockhart) est un prêcheur qui récolte de l’argent dans le quartier de Harlem contre la promesse d’un retour en Afrique. Mais le grand jour de la collecte, les équipes du révérend se font braqués. Les voleurs s’échappent avec 87.000 dollars.
De leur côté, deux détectives locaux et durs à cuir, ‘Grave’ Digger Jones (Godfrey Cambridge) et ‘Coffin’ Ed Johnson (Raymond St. Jacques) sont convaincus que le révérend est dans le coup. Ce qui ne plait pas à leurs supérieurs qui veulent à tout prix éviter des émeutes. Mais alors que les morts s’amoncèlent, Jones et Johnson décident de passer à la vitesse supérieure.
« Cotton Comes to Harlem » est adapté d’un roman du grand Chester Himes et on retrouve ici des éléments clés de son oeuvre. Outre le racisme, Himes dénonce également l’exploitation des noirs par les noirs et leur tendance à tomber dans le piège de la religion. On n’est néanmoins pas dans un film à thèse et on a affaire ici à un film d’action efficace, avec une bonne dose d’humour. Mais « Cotton Comes to Harlem » sait appuyé là où ça fait mal, et c’est évident dès les premières images où on voit le révérend se rendre à son meeting en Rolls à travers les rues pauvres de Harlem.
En parlant d’Harlem, c’est un véritable personnage du film et on s’y croit ! Le quartier est bien filmé dans toute sa « splendeur » seventies.
Dans le rôle du révérend, on retrouve Calvin Lockhart, acteur charismatique originaire des Bahamas qui a fait carrière au Royaume-Uni à la télévision et au cinéma (« Joanna« , « Leo The Last« …) avant de prendre le chemin des Etats-Unis en 1970 avec notamment « Halls of Anger » et donc « Cotton Comes to Harlem ». Sa carrière se ralentira malheureusement considérablement dans les décennies suivantes.
« Cotton Comes to Harlem » est le premier film réalisé par l’acteur afro-américain Ossie Davies, alors déjà la cinquantaine passée. C’était une figure récurrente de la télévision américaine depuis le début des années 60 mais il avait également joué dans quelques films ambitieux comme « The Hill » (1965) de Sidney Lumett ou encore « Slaves » (1969) d’Herbert J. Biberman. Il fait ici du bon boulot et aura l’occasion de signer une poignée de films dans les années 70 (cinq pour être précis) dont quelques production américano-nigérianes « Cool Red » (1976) et le probablement perdu « Kongi’s Harvest » (1970).
Le duo Godfrey Cambridge et Raymond St. Jacques fonctionne parfaitement et n’en avait pas tout à fait fini avec Harlem. Le producteur Samuel Goldwyn Jr. (fils de vous savez qui) remettra les couverts pour une suite « Come Back Charleston Blue » (1972), toujours avec notre duo de détectives mais malheureusement sans Ossie Davis.
« Cotton Comes to Harlem », pas le plus connu des films rangés dans l’appellation fourre-tout de la blaxploitation (malgré son succès en salles) n’a pas encore bénéficié à ce jour (août 2019) d’une sortie française en DVD/blu-ray. Il est disponible néanmoins sur ces deux formats aux USA (avec des sous-titres en anglais) chez KL Studio Classics
DVD/Blu-ray US. Studio KL Studio Classics (2014). Version originale avec sous-titres optionnels en anglais