Un thriller à l’ambiance gothique et grotesque qui pourra vous faire passer un bon moment (si vous oubliez qui est derrière la caméra)

Dead of Winter (1987)

(Froid comme la mort)

Réalisé par Arthur Penn

Ecrit par Marc Shmuger et Mark Malone

Avec Mary Steenburgen, Roddy McDowall, Jan Rubes, William Russ,…

Direction de la photographie : Jan Weincke / Direction artistique : Alicia Keywan / Montage : Rick Shaine / Musique : Richard Einhorn

Produit par John Bloomgarden et Marc Shmuger pour Metro-Goldwyn-Mayer (MGM)

Thriller / Horreur

100mn

USA

Je suis tombé par hasard sur ce film. Ayant un faible pour les thrillers horrifiques qui se déroulent dans des endroits claustrophobiques (ici un manoir isolé pris dans une tempête de neige), j’ai cédé à la tentation. D’autant plus aisément que, surprise, le film est réalisé par Arthur Penn, réalisateur de l’un des films qui a lancé le Nouvel Hollywood, « Bonnie and Clyde » (1967).

Vingt ans plus tard, que reste-t-il d’Arthur Penn ? La deuxième partie des années 80 n’est pas tendre avec le réalisateur âgé alors d’une soixantaine d’années. Il enchaine deux thrillers old school « Target » (1985) et  ce « Dead of Winter » (1987) pour finir la décennie avec la comédie « Penn & Teller Get Killed » (1989) qui restera son dernier film pour le cinéma.

Dans « Dead of Winter », Katie McGovern (Mary Steenburgen) est une jeune actrice new yorkaise qui se voit proposer de prendre la relève d’une consoeur ayant quitté un tournage suite à une dépression. Sauf qu’il n’y a pas de tournage et qu’elle se retrouve prisonnière dans un manoir gothique sous une tempête de neige avec deux personnages effroyables qui ont un plan (machiavélique ?) de chantage dont elle est la pièce centrale.

Difficile de dire ce qui a bien pu motiver Arthur Penn à tourner ce « Dead of Winter », sorte de remake d’un film de 1945 « My Name Is Julia Ross » lui-même basé sur un roman publié quatre ans plus tôt par la romancière britannique (« The Woman in Red »). Enfin si, on le sait.  D’après Wikipedia (qui cite comme source la biographie « Arthur Penn: American Director » publiée en 2011), Penn aurait recommandé le projet à la MGM afin de donner un coup de pouce à Marc Shmuger, un ami de son fils Matthew. Inexpérimenté, Schmuger, en plus d’avoir co-écrit le scénario et co-produit le film, a voulu s’essayer à la réalisation. Mais sans succès. L’autre co-producteur John Bloomgarden tenta de lui succéder avant que la MGM demande à Arthur Penn de reprendre le flambeau (probablement pour le punir d’avoir attirer l’attention de MGM sur ce projet !).

« Dead of Winter » est un film d’horreur dans la pure tradition gothique mais il semble logiquement avoir quelques décennies de retard. Penn semble s’amuser avec les effets horrifiques les plus éculés mais seul un visionnage au second degré peut sauver le film. Penn laisse Roddy McDowall (célèbre acteur britannique qui a fait une carrière pléthorique en tant que second rôle aux USA) et l’acteur tchèque Jan Rubes en roue libre dans le rôle des méchants d’opérette. Et Mary Steenburgen (oscar du meilleur second rôle pour « Melvin and Howard » six ans plus tôt) a beau joué trois personnages (enfin plutôt deux), l’intérêt n’est pas multiplié par trois, ni par deux.

Il faut reconnaitre toutefois que « Dead of Winter » a le mérite de ne pas se prendre trop au sérieux. Tant mieux, et si vous aimez les thrillers gothiques old school avec un penchant pour le grotesque, vous pourriez passé un bon moment. Mais il vaut mieux oublier que le film est réalisé par Arthur Penn. Il s’y fait d’ailleurs le plus transparent possible. N’attendez donc pas comme moi à découvrir un film marqué tant soit peu par la patte du réalisateur mythique de  « The Miracle Worker » (1962), « Alice’s Restaurant » (1963), « Lille Big Man » (1970) ou « Night Moves » (1975). Ça vous évitera une déception et d’être – comme moi – probablement injuste envers un film de série B, sans prétention, qui n’en demandait pas tant.