Un film d’exploitation au pays des Rednecks. Quelques audaces stylistiques et un excellent casting en font un très bon représentant du genre

Poor Pretty Eddie (1975)

Réalisé par Richard Robinson et David Worth

Ecrit par B.W. Sandefur

Avec Leslie Uggams, Shelley Winters, Michael Christian, Ted Cassidy,…

Directeur de la photographie : David Worth / Musique : Grant Boatwright / Montage : Frank Mazzola et David Worth / Direction artistique : Peter Bankins

Produit par Michael Christian

Drame / horreur

85mn

USA

« Ayant décidé de faire un break, Elizabeth Wetherly (Leslie Uggams), jeune chanteuse de jazz, tombe en panne après un concert et se retrouve coincée dans un lieu reculé du Sud profond des Etats-Unis. Elle échoue donc au Bertha’s Oasis, faisant la connaissance d’Eddie Collins (Michael Christian), jeune sosie d’Elvis Presley rêvant de gloire, et de sa maîtresse, Bertha (Shelley Winters), starlette fanée. »

« Poor Pretty Eddie » vous plonge dans un sud rural cauchemardé des rednecks dégénérés et consanguins, dans une veine popularisée par John Boorman dans « Déliverance » trois ans plus tôt. A ce titre, il fait donc partie d’un sous genre cinématographique qu’on appelle hixploitation.

« Poor Pretty Eddie », c’est d’abord une sacrée galerie de personnages. Elisabeth Wertheerly, jeune star black qui a grandi à New York se retrouve coincée dans le sud profond. Elle y rencontre Eddie (Michael Christian) un clone d’Elvis au sourire inquiétant qui va s’enticher d’elle et la violer, une vieille star sur le retour (Shelley Winters), un géant silencieux et inquiétant (Ted Cassidy), un flic obsédé (Slim Pickens) qui trimbale son neveu débile profond, un juge corrompu (Dub Taylor)…

L’Amérique profonde en prend pour son grade ! Le film qui commence comme un drame un peu étrange vire vers l’horreur, et utilise des effets visuels et sonores et techniques de montages qui lui donnent un côté parfois surréaliste. Ainsi on a droit à une scène de viol au ralenti entrecoupée d’images de chiens qui copulent, tout ça sur fond de musique country !

« Poor Pretty Eddie » est né de la volonté du producteur porno Mike Thevis de trouver une façade plus légale à son business, alors qu’à l’époque le FBI lui cherche des noises. Il embauche le réalisateur Robert Robinson qui a déjà signé des films pornos et de série Z, secondé ici par son collaborateur régulier le directeur de la photographie David Worth. Pour plus de réalisme ils décident de tourner sur place, chez les rednecks (près d’Athens en Géorgie).

Le casting est très intéressant. La chanteuse et actrice télé Leslie Uggams tente d’y faire une percée dans le cinéma (sans se rendre compte qu’elle n’a pas vraiment parié sur le bon cheval), le beau gosse Michael Christian était alors surtout connu pour sa participation au soap « Peyton Place » et livre ici une prestation inquiétante très convaincante. C’est grâce aux relations de Christian que le film se permet d’avoir une vraie star hollywoodienne au générique, Shelley Winters, également parfaite dans le rôle d’ancienne star au fond du trou. Sans parler des prestations de fameux seconds rôles américains, Ted Cassidy, Dub Taylor et Slim Pickens !

Malheureusement, à sa sortie le film fait un flop auprès des critiques et du public. Mais au fil des années, il ressort plusieurs fois en salle sous de nouveaux noms et avec des montages différents. Ainsi, en 1973, il ressort sous le nom de « Heartbreak hotel » (dans un montage expurgé de toutes les scènes de violence) et en 1980 sous le nom de « Black Vengeance ». A force, il a fini par acquérir un statut culte pas démérité.

Bref, « Poor Pretty Eddie » est une très bonne surprise en matière de film d’exploitation et est livré ici dans une copie très correcte par le talentueux éditeur « Le Chat qui fume » (dans une édition limitée à 500 exemplaires). Au niveau des bonus, on a droit à une courte (mais intéressante) présentation par Foxy Bronx, l’un des spécialistes français de la blaxploitation.

DVD zone 2 FR. Studio Le chat qui fume (2016). Version originale sous-titrée en français. Bonus : « la sordide histoire de Pretty Poor Eddie » (6mn)