« Le tigre de Bengale » forme avec « Le tombeau hindou » un diptyque cinématographique qui représente la quintessence du film d’aventure des années 50. Désuet certes mais le charme est toujours là.

Der Tiger von Eschnapur (1959)

(Le tigre du Bengale)

Réalisé par Fritz Lang

Ecrit par Werner Jörg Lüddecke et Richard Eichberg d’après le roman de Werner Jörg Lüddecke

Avec Debra Paget, Paul Hubschmid, Walther Reyer, Claus Holm,…

Directeur de la photographie : Richard Angst / Direction artistique : Helmut Nentwig et Willy Schatz / Montage : Walter Wischniewsky / Musique : Michel Michelet /

Produit par Artur Brauner

Tourné à Udaipur, Rajasthan en Inde et à Berlin en Allemagne

Aventures / Romance

Allemagne de l’Ouest / France / Italie

« L’architecte Harold Berger (Paul Hubschmid), engagé en Inde par Chandra, le Maharadjah d’Eschnapur pour rénover son palais et construire de nouveau bâtiments, va tomber amoureux de Seetha (Debra Paget), la très belle danseuse du temple mais promise en mariage au Maharadjah… »

« Der Tiger von Eschnapur » est la première partie du remake que Fritz Lang fait du film muet « Das Indische Grabmal » de 1921, réalisé par Joe May, dont il avait co-signé le scénario avec Thea von Harbou, l’auteur du roman original.

La suite « Das indische Grabmal » (Le Tombeau Hindou) paraîtra la même année. L’idée de diviser le film en deux avait pour but d’éviter d’aboutir à un film trop long (plus de trois heures) qui aurait été indigeste pour le public contemporain.

Le scénario est assez simple. Un architecte européen est engagé en Inde par un Maharadjah pour rénover son palais. Mais il croise Seetha,une très belle danseuse qui se rend également au palais à l’invitation du Maharadhah. En chemin, il va la sauver d’une attaque de tigre. Une relation amoureuse va rapidement naître entre l’architecte et la danseuse, qui est en fait moitié européenne (son père est irlandais). Mais le Maharadjah est également amoureuse de Seetha au grand dam de son frère et de complices qui complotent pour le renverser. Que va-t-il advenir à nos deux amoureux ?

Fritz Lang livre ici la quintessence du film d’aventure d’après-guerre. Les décors du palais sont somptueux (le film a été tourné en Inde) et filmés avec une obsession du détail typique à Lang. Alors évidemment tous les rôles principaux sont tenus par des acteurs d’origine européenne – mais bon c’est encore une façon de faire largement répandue encore aujourd’hui comme en témoignent les débats sans fin sur la « blanchisation » des rôles par Hollywood. De même, les Indiens passent pour des êtres cruels comme beaucoup de populations locales dans ces films exotiques conçus pour faire frissonner un public de cinéma alors essentiellement blanc. Mais là encore la différence est toujours aujourd’hui plutôt un facteur sur lequel on créé des peurs que hommages !

Bref, le tout fonctionne comme un joli livre d’images désuet mais dont le charme est indéniable, pour peu que vous lui excusiez ses défauts d’époque.

Pour Lang, ce projet arrive à un point où sa période Hollywoodienne (qui constitue pour beaucoup son âge d’or) bat de l’aile et que sa santé décline. Aussi quand le producteur allemand Artur Brauner lui propose de faire un remake parlant et en couleur du film de Joe May, il accepte et revient travailler en Allemagne pour la première fois depuis « Le testament du Dr. Mabuse » en 1933. Il signera ensuite dans le même esprit toujours pour Brauner un nouveau Mabuse « The Thousand Eyes of Dr. Mabuse » (1960) qui sera son dernier film en tant que réalisateur.

Un mot quand même sur la fabuleuse Debra Pager, sublime actrice américaine qui ici transperce l’écran de sa beauté incandescente (j’en fais trop ? à peine !). Ah, la danse du serpent dans « Le tombeau hindou » – elle est aussi sexy que le serpent à sonnette est ridicule !

Poussée par sa mère, qui fit de même avec ses soeurs et son frère, Debra Pager est entrée encore enfant dans le milieu du show business. Elle a commencé sa carrière devant la caméra à quinze ans, a tourné une quarantaine de films avant de prendre sa retraite en 1964 à un peu plus de 30 ans après avoir épousé un milliardaire sino-américain. Tant pis pour nous !

A noter que Wild Side nous propose de jolies éditions double DVD du Tigre du Bengale et du Tombeau Hindou qui comprennent en bonus les versions des années 20. Celui du « Tombeau hindou » comprend même un troisième DVD avec une interview avec Fritz Lang de 1972 qui dure 2 heures. En attendant les versions blu-ray, voici en tout cas de très belles éditions.

DVD FR. Studio Wild Side Video (2012). Version originale sous-titrée en français et version française.
Bonus pour « Le tigre du Bengale » : « Le Tigre du Bengale » (1938 – 90′)
Bonus pour « Le tombeau Hindou » : « Le Tombeau Hindou » (1938 – 87′) + « Je vais vous dire une chose » : entretien avec Fritz lang, réalisé par Armand Panigel à Hollywood en 1972 (120′) + Entretien avec Arthur Brauner, producteur (3′) + Entretien avec Pierre Rissient, réalisé par Samuel Blumenfeld (12′) + Croquis préparatoires + Photos de tournage