Un thriller mais aussi une romance autour d’un homme qui a perdu la mémoire et qui par amour pour la femme qu’il a (re)découvre tente de se souvenir d’un passé que son inconscient a préféré oublier
L’uomo senza memoria (1974)
(L’homme sans mémoire)
Réalisé par Duccio Tessari
Ecrit par Bruno Di Geronimo, Duccio Tessari et Ernesto Gastaldi d’après une histoire de Roberto Infascelli
Avec Luc Merenda, Senta Berger, Umberto Orsini, Anita Strindberg, Bruno Corazzari,…
Direction de la photographie : Giulio Albonico / Montage : Mario Morra / Musique : Gianni Ferrio
Produit par Luciano Martino
Thriller
92mn
Italie
Suite à un accident de voiture, un Anglais Ted Walden (Luc Merenda) perd la mémoire. Six mois plus tard, alors qu’il a pris un boulot d’assistant dans un magasin d’antiquité, il rencontre un homme qui le tabasse et lui dit qu’il est un « beau salaud ». Mais il n’a guère le temps d’en dire plus, il est abattu. Ted reçoit un télégramme d’une jeune italienne Sara (Senta Berger) qui prétend être sa femme et lui dit qu’elle l’attend à Milan. Mais si, une fois arrivé à Milan, elle lui confirme qu’il est un « beau salaud », ce n’est pas elle qui envoyé le télégramme. Qui veut que Ted rentre en Italie et pourquoi ? Est-il vraiment un salaud ?
« L’uomo senza memoria » (l’homme sans mémoire) est le troisième giallo du réalisateur Duccio Tessari après » La morte risale a ieri sera » (1970) et « Una farfalla con le ali insanguinate » (1971). Ses gialli sont d’après le spécialiste du genre Troy Howard anti-conformistes et inventifs. Il est vrai en tout cas que « L’homme sans mémoire » se distingue notablement d’une grande partie de la production giallesque.
Déjà le protagonistes est un homme sans passé. Un passé que son inconscient semble rejeter. Quand on le découvre par bribes, on ne peut lui en vouloir. Pas d’enquête policière non plus, ni de détectives amateurs (si ce n’est Ted qui tente, plus ou moins malgré lui, de se souvenir ce qu’il a pu faire de si terrible). Il n’y a pas beaucoup de meurtres, pas plus de nudité (d’ailleurs dans une des scènes Sara, alors qu’elle se déshabille dans une cabine de piscine, ferme la porte devant la caméra / spectateur – tout un symbole !). La violence elle-même arrive par bribes avant d’exploser dans la scène finale – qui justifie à elle seule sa classification dans le genre du giallo.
Le film se montre également plus romantique que le giallo typique, avec un personnage féminin fort et bien écrit. Malgré son passé sombre, Ted reste un personnage sympathique qui se montre digne, au présent plus que par le passé, de l’amour de Sara.
La réalisation de Duccio Tessari a ses moments de brillance (comme dans cette fameuse scène de fin ou celle où Sara découvre un couteau ensanglanté planté dans la porte).Tessari montre une méticulosité dans le détail et exploite au maximum les décors naturels de Portofino.
Le casting est lui classique pour un film de ce genre, même s’il est parfait. Né en France, Luc Merenda, qui a vécu jusqu’à quinze au Maroc, revient en France, décroche un premier rôle dans « OSS 117 prend des vacances » (1970) et participe l’année suivante aux super-productions « Le Mans » et « Soleil Rouge ». Mais c’est en Italie, où il s’installe, qu’il va devenir une des grandes vedettes du cinéma populaire des années 70 et 80, tournant deux à trois films par an.
Senta Berger, qui joue Sara, est née à Vienne, Elle a à son actif une belle carrière internationale. Elle a tourné ainsi dans des productions françaises (Peau d’espion, 1967), allemandes (Das Testament des Dr. Mabuse, 1965) en passant par des productions internationales (The Victors et The Waltz King en 1963) ou américaines (Major Dundee en 1965). On la retrouve en Italie dès 1963 où elle tourne de tout (comédies, thrillers et drames).
On retrouve également au générique la suédoise Anita Strindberg dans un rôle secondaire, malheureusement un peu inabouti. Tout amateur de cinéma populaire italien des années 70, et notamment de giallo, la connait pour ses nombreuses apparitions, par exemple dans « La coda dello scorpione » en 1971 ou « Al tropico del cancro » en 1972.