Faut pas emmerder le cultivateur de pastèques, surtout quand il est incarné par Charles Bronson. Un thriller pince-sans-rire mais efficace !

Mr. Majestyk (1974)

Réalisé par Richard Fleischer

Ecrit par Elmore Leonard

Avec Charles Bronson, Al Lettieri, Linda Cristal, Paul Koslo, Lee Purcell,…

Directeur de la photographie : Richard H. Kline / Montage : Ralph E. Winters / Musique : Charles Bernstein

Produit par Walter Mirisch

Thriller

103mn

USA

Majestyk (Charles Bronson) est un producteur de pastèques du Colorado. Taiseux, travailleur, il n’a qu’un souci : c’est la période de la récolte et il lui faut des ouvriers pour ramasser ses pastèques avant qu’elles pourrissent sur place. Ce qui aurait dû être une tâche laborieuse va pourtant basculer et Majestyk va devoir jouer du fusil et des poings pour ramasser ses satanées pastèques. D’abord Kopas (Paul Koslo), un cowboy du dimanche, va tenter de lui imposer une équipe. Et ça, Majestyk, il n’aime pas qu’on lui force la main. Ensuite, en prison pour avoir tabasser ledit Kopas, il fait la rencontre de Renda (Al Lettieri), un tueur à gages qui bientôt va lui en vouloir à mort. Et du coup, qu’adviendra-t-il des pastèques ?

Le pitch du scénario de l’écrivain américain de polars Elmore Leonard est intrigant. Et pendant les quinze première minutes, on se demande si Bronson n’aurait pas tourné un documentaire sur la culture de pastèques ou un drame social sur un groupe de saisonniers hispaniques en recherche de boulot dans les champs (pastèques ou pas). Je sais, ça paraît improbable. D’autant qu’à la réalisation, on a Richard Fleischer, pas vraiment réputé pour ses documentaires ou drames sociaux. En tout cas pas plus que Bronson.

Une fois que Maestyk croise la route de Renda (à qui il ose demander une saucisse lors de son passage derrières les barreaux !), ça dégénère grave. D’abord parce que des amis du tueur à gages décident de plomber le fourgon de police qui doit les conduire à la prison, ensuite parce que Majestyk décide d’utiliser Renda, non pas pour obtenir une rançon, mais pour obtenir un pardon de la part de la police, et pouvoir aller récolter ses pastèques.

L’humour décalé du scénario permet à Bronson d’élargir son registre de dur à cuir et d’ajouter un peu d’originalité à un thriller sinon assez classique avec ses scènes de fusillade et de poursuites en voitures. Mais, même si la rencontre Leonard /  Fleischer / Bronson aurait pu tourner encore plus au délire, on aurait tort de bouder notre plaisir. D’autant qu’Al Lettieri est parfait dans le rôle du tueur à gages colérique et rancunier. Il est malheureusement décédé l’année suivante à l’âge de 47 ans alors que sa carrière commençait à décoller (on l’avait vu quelques années plus tôt dans Pulp, The Godfather ou encore The Getaway).

Côté donzelles, Linda Cristal (qui avait reçu le Golden Globe de la meilleure nouvelle venue en 1959 pour  la comédie de Blake Edwards « The Perfect Furlough ») incarne Nancy une ouvrière pragmatique qui va succomber au charme des pastèques. Quant à Lee Purcell Wiley (vue dans « Necromancy » un folk Horror où elle partage quand même l’écran avec Orson Welles), elle joue la petite amie de Renda, improbable (aussi classe et belle que Renda est ruste et moche), mais tout aussi pragmatique que Nancy.

A la fin du film (pas de gros spoiler ici), Majestik lance avec un sourire en coin à l’inspecteur qui a tenté de l’emprisonner puis de se servir de lui pour récupérer Renda : « Vous aviez raison, il voulait bien ma peau », avant de démarrer la voiture et de repartir avec Nancy vers ses champs de pastèques. Selon la légende, ils vécurent heureux et eurent beaucoup de petites pastèques.