« The Outfit » c’est le petit indépendant contre l’industriel. Le métier change, mais rien ne vaut un bon artisan. Un très bon film noir signé John Flynn qui rend un hommage intelligent aux classiques du genre.

The Outfit (1973)

(Echec à l’organisation)

Réalisé par John Flynn

Ecrit par John Flynn d’après le roman de Donald E. Westlake

Avec Robert Duvall, Karen Black, Joe Don Baker, Robert Ryan,…

Direction de la photographie : Bruce Surtees / Direction artistique : Tambi Larsen / Montage : Ralph E. Winters / Musique : Jerry Fielding

Produit par Carter DeHaven pour la MGM

103mn

Thriller / Crime

USA

Earl Macklin (Robert Duvall) sort de prison pour apprendre par une ex-petite amie Bett (Karen Black) que son frère a été assassiné par l’organisation en représaille du cambriolage d’une banque qu’ils ont commis quelques années auparavant. Macklin est bien décidé à faire payer l’organisation.

The Outfit- Echec à l'organisation 1973 - afficheUn prêtre et son chauffeur descendent un homme. Un autre sort de prison. Earl Macklin (Robert Duvall). Une ex-petite amie l’attend à la sortie pour l’emmener voir son frère. Mais alors qu’ils font une pause dans un motel de bord de route, Bett apprend à Earl que son frère est mort… et lui avoue qu’elle n’est pas venue par hasard à sa sortie de prison. L’organisation, qui a commandité la mort de son frère, veut également sa peau. Pourquoi ? Il ne le sait pas encore mais un assassin ne tarde pas à débarquer.

Il s’agissait ici du troisième film de John Flynn, réalisateur talentueux, qui a débuté sous les auspices de Robert Wise et J. Lee Thompson mais souvent limité à des productions montées de bric et de broc. Ici il rend hommage aux films noirs dont il est fan.

Le scénario est basé sur un roman de Richard Stark, nom d’emprunt de Donald E. Westlake. Dans les années 60, Westlake a pris ce pseudo pour écrire une série de romans de gare sur un braqueur, Parker, un personnage sans émotion, brut de fonderie, un professionnel, un artisan du crime.

John Boorman avait déjà adapté « The Hunter », le premier roman de la série pour son deuxième film « Point Blank » (1967) avec Lee Marvin dans le rôle titre.

John Lynn a apporté le livre de Stark au producteur Carter deHaven qui l’a payé de ses propres donfs pour écrire un scénario, avant même que la MGM ait acquis les droits du roman. Au début du projet, Jack Nicholson était le premier choix pour incarner Macklin/Parker. Mais la MGM estima que le cachet de Nicholson était bien trop important et le choix se porta sur Robert Duvall, qui s’était fait un nom sur « The Godfather » (1972) de Copolla.

Afin de mettre en oeuvre son hommage aux films noirs de la grande époque, Flynn eut le goût de s’entourer de gueules et d’acteurs mythiques du genre comme Robert Ryan, Jane Greer, Emile Meyer, Richard Jeackel,…

Aux côtés de Macklin, Bett est incarnée par Karen Black, une figure du Nouvel Hollwyood, et son camarade de casse Cody par Joe Don Baker alors au sommet de sa carrière.

Le casting est donc magnifique et Robert Duvall se débrouille pas mal dans le rôle titre, même s’il ne fait pas oublier Lee Marvin. S’il n’a pas vraiment le physique du anti héros de Stark, Duvall en a la détermination et le côté « artisan » désabusé qui connaît parfaitement son métier et va au bout de sa mission de manière dépassionnée (d’ailleurs dans un premier temps, il est plutôt raisonnable dans ses demandes de compensation pour la mort de son frère).

Si le scénario est assez quelconque (d’aileurs la même année Don Siegel sort un « Charley Varrick » au pitch similaire), Lynn arrive à signer un film d’ambiance aux choix bien pesés. Ainsi lors de la première scène, le meurtre du frère se déroule hors champ et Lynn préfère filmer le chien qui aboit et le cheval effrayé par les coups de feu, alors que quelques gouttes de sang éclaboussent fugacement la caméra. Les dialogues sont merveilleusement ciselés, sans gras comme le personnage pricinpal !

« The Outfit » est un film sombre dont la fin étonnament optimiste peut surpdendre, surtout pour un film des années 70 où le tragique l’emportait souvent. On ne saura guère étonné d’apprendre qu’elle a été imposée par la MGM. Dommage car la fin originale était plus en accord avec le ton global du film, mais ce n’est sûrement pas une raison pour bouder ce très bon film film noir.

« The Outfit » c’est une métaphore du petit indépendant contre l’industriel. Le métier change, mais rien ne vaut un bon artisan. « L’artisan du crime » c’est d’ailleurs le titre du livret très intéressant que Philippe Garnier, consacre au film dans l’édition DVD publiée par l’excellent éditeur WildSide.

Le projet suivant de John Lynn sera également un « revenge movie » mais au ton bien différent : « Rolling Thunder » (1978) également édité chez « Wild Side ».

Coffret DVD + Livre (2015) studio Wild Side Video. Version originale sous-titrée en français et version française. Bonus : interview avec Walter Hill, livret de 100 pages signé Philippe Garnier

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