L’un des chefs d’oeuvre du giallo, parfaitement maitrisé par un Dario Argento au sommet de son art

Profondo Rosso (1975)

(Les frissons de l’angoisse)

Réalisé par Dario Argento

Ecrit par Dario Argento et Bernardino Zapponi

Avec David Hemmings, Daria Nicolodi, Gabriele Lavia, Macha Méril,…

Directeur de la photographie : Luigi Kuveiller / Montage : Franco Fraticelli / Musique : Giorgio Gaslini et The Goblins

Produit par Salvatore Argento

Giallo / Thriller

126mn

Italie

Marcus Daly (David Hemmings), pianiste de jazz installé à Rome, est témoin du meurtre de sa voisine, médium. Avec son amie Gianna (Daria Nicolodi), journaliste, il décide d’enquêter sur le meurtre. 

Première partie du générique (lettres blanches sur fonds noire et musique de The Goblins). Une comptine enfantine. Une salle à manger filmée ras le plancher. Au fond à droite un sapin. Puis sur le mur, une silhouette semble poignarder une autre. Une ombre s’approche et fait tomber sur le sol un couteau ensanglanté. Un Les souliers vernis noirs d’un enfant s’approchent et s’arrêtent près du couteau. Deuxième partie du générique.

Dans une salle de concert, un groupe de jazz répète. Le pianiste se retourne et demande aux autres musiciens d’arrêter. Il leur dit qu’ils jouent d’une façon trop précise pour du jazz. Alors qu’il parle, le niveau de sa voix est baissé jusqu’à ce qu’on ne l’entende plus.

Gros plan sur un panneau « Congrès de parapsychologie ». Nous sommes dans le hall d’entrée, le caméra s’avance , écarte les rideaux et entre dans une salle de théâtre où se tient une conférence. Sur la scène, assis derrière une table rouge sur fonds de rideaux eux-même rouges, deux hommes encadrent une femme. Ils la présentent. Il s’agit de Helgan Humann (Macha Méril), médium. Après avoir précisé que ses facultés n’ont rien à voir avec la magie, elle devine le nom d’un homme, ce qu’il a dans sa poche. Puis elle est pris d’une crise. Dans la salle elle ressent un « esprit pervers » qui aurait tué et s’apprêterait à tuer à nouveau….

Le soir même, Marcus est sur une place devant son immeuble quand il est témoin du meurtre de la médium qui habite l’appartement en dessous du sien. Le temps de se précipiter, le meurtrier est parti. Il a juste le temps de voir une silhouette qui disparait au coin d’une rue.

« Profondo Rosso » (on oubliera le titre français idiot) marquait le retour de Dario Argento au giallo après un passage remarqué à la télévision et la comédie historique « Le cinque giornate » (1973) sur lequel il a remplacé au dernier moment un réalisateur qui a fait défection.

Si les trois premiers gialli d’Argento, sortis entre 1970 et 1971, avaient marqué leur époque, son retour au genre quatre ans plus tard se fait sous des auspices bien différents.

Pour le scénario, il se fait aider par Bernardino Zapponi, un scénariste expérimenté qui a déjà travaillé pour Fellini et Dino Risi. Ils livrent un scénario très malin qui se marie parfaitement avec le style filmique d’Argento, toujours très prononcé. La caméra est toujours prête à une acrobatie, mais globalement le style Argento a ici moins mal vieilli que celui d’un autre acrobate de la caméra, Brian de Palma, sur certains de ses films de l’époque.

Pour ce qui est de la violence des crimes, Dario Argento n’y va pas avec le dos de la cuillère et vous aurez droit à des morts graphiques mises en scène avec une main de maître.

Argento et Zapponi créent un duo croustillant de détectives amateurs avec le pianiste (un peu trop) sensible Marcus (David Hemmings) et la journaliste dur à cuir Dana (Daria Nicolodi). Une inversion des rôles qui fonctionne très bien grâce à l’alchimie entre les deux partenaires et l’humour qui se dégage de leur relation.

Pour la petite histoire, Daria Nicolodi deviendra la compagne d’Argento, la mère de sa fille Asia et une collaboratrice régulière devant et derrière l’écran.

Le style Profond Rosso c’est aussi la musique seventies de The Goblins. Ils sont arrivés sur le film au dernier moment alors que le précédent compositeur a dû déclarer forait. C’est le début d’une collaboration féconde !

DVD/Blu-ray. Studio Wild Side Video (2012). Version originale sous-titrée en français et version française. Bonus : »Il mio cinema » : le cinéma de Dario Argento par lui-même et ses plus proches collaborateurs (113′)
« Profondo Giallo » : entretiens avec Dario Argento, Luigi Cozzi, Macha Méril, Glauco Mori, Jean-Baptiste Thoret, Pascal Laugier et Bruno Forzani (26′)