Un film au thème audacieux et provoquant mais traité avec finesse et interprété par deux très grands acteurs, Dirk Bogarde et Charlotte Rampling

Portier de nuit (1974)

Il portiere di notte (1974)

(Le portier de nuit)

Réalisé par Liliana Cavani

Ecrit par Liliana Cavani et Italo Moscati

Avec Dirk Bogarde, Charlotte Rampling, Philippe Leroy, Gabriele Ferzetti, Isa Miranda…

Direction de la photographie : Alfio Contini / Direction artistique : Nedo Azzini et Jean Marie Simon / Montage : Franco Arcalli

Produit par Robert Gordon Edwards et Esa De Simone

Drame

Italie

Douze ans après la fin de la guerre, Max (Dirk Bogarde), un portier de nuit, ancien officier nazi dans un camp de concentration qui vit aujourd’hui caché, apperçoit parmi un groupe de novueaux arrivants, une ancienne internée Lucia (Charlotte Rampling) avec qui il avait eu une laision « amoureuse ».

Le sujet de « Il portiere di notte » est pour le moins audacieux. Une laison amoureuse entre un officier nazi et une prisonnière dans un camp de concentration ? Vraiment ? Le pitch peut donner la nausée et pourrait être l’objet d’un pur produit de la Nazisploitation ou nazi porn (oui ce courant cinématographique existe vraiment). Et justement « Il portiere di notte » est considéré comme le precurseur même si on est très loin d’un film de sexploitation. Non le premier du genre est « Ilsa, She Wolf of the SS », un film Américain sorti deux ans plus tard. Mais il est probable que « Il portiere di notte » a ouvert une porte à ce nouveau sous-genre en brisant un tabou.

Car si « Il portiere di notte » est audacieux, provoquant, il n’est jamais graveleux. C’est un film d’auteur, choquant mais sensible, sur une relation amoureuse improbable, impossible.  Lucia est amoureuse (malgré elle ?). Psychologiquement détruite par son expérience du camp, elle n’en est pas moins amoureuse. Retrouver douze ans plus tard celui qui fut son amant aussi bien que son boureau la replonge dans un état second de dépendance. L’irrationalité de l’amour poussé dans ses extrêmes.

Max a d’abord peur d’être dénoncé. D’autant que d’autres anciens officiers nazis passés dans la clandestinité veulent qu’il passe comme eux par un processus de procès interne dont le but ultime est d’identifier tous les témoins qui pourraient potentiellement les reconnaitre et de les éliminer. Car si Max vit très bien dans l’ombre, ses anciens camarades de crime eux veulent pouvoir rejoindre la société la tête haute et ne veulent plus se cacher. Quel qu’en soit le prix. Max acceptera-t-il de sacrfier Lucia pour refaire sa vie ? La pression de ses « amis » va devenir de plus en plus forte et le couple va devoir se cacher.

« Il portiere di notte » est donc un film difficile mais très intéressant sur une relation amoureuse inimaginale, impossible mais rendue réaliste par les prestations de Dirk Bogarde et Charlotte Rampling, tous deux extraordinaires.

La réalisatrice Liliana Cavani portait ce projet depuis 1970 mais c’est seulement deux ans plus tard qu’elle trouva un producteur qui accepta de financer le film : un Américain basé à Rome, Robert Gordon Edwards qui avait été producteur exécutif sur deux films de Visconti dont « Mort à Venise » (1971). Celui-ci va donner à Cavani le contact de Dirk Bogarde et c’est avec l’acceptation de Bogarde de tourner le film, après un travail de réécriture du scénario, que le film pu devenir réalité.

Le film a été tourné pendant 7 semaines à Rome et 3 à Vienne. Robert Gordon Edwards pris la décision de sortir le film en France d’abord, où il s’assura le support d’intellectuels et artistes comme Michel Foucault et Visconti, et non en Italie (où il fut bloqué par la censure pendant des mois) et confia la distribution américaine à Joseph Levine, le distributeur de Visconit, qui utlisa comme argument publicitaire la classification X et des critiques négatives comme celle de la fameuse Pauline Kael. Le résultat fut un joli succès commercial pour un film très osé qui aurait pu très bien être bloqué par la censure ou limité à un circuit de distribution très restreint.

Blu-ray ou DVD. Editions Wild Side Video (2012). Version originale en anglais sous-titrée en français. Bonus : « La femme dans la Résistance » (« La Donna nella Resistenza » – documentaire réalisé par Liliana Cavani – 50′) et Interview de Liliana Cavani (20′)