Une mise en scène superbe et très inventive rattrape largement un scénario pas toujours très convaincant. Un résultat cultissime !

Opera (1987)

(Terreur à l’opéra)

Réalisé par Dario Argento

Ecrit par Dario Argento d’après une idée de de Dario Argento et Franco Ferrini

Avec Cristina Marsillach, Ian Charleson, Urbano Barberini, Daria Nicolodi, Coralina Cataldi-Tassoni…

Directeur de la photographie : Ronnie Taylor / Direction artistique : Gian Maurizio Fercioni / Montage : Franco Fraticelli / Musique : Verdi, Brian Eno, Roger Eno, Steel Grave, Claudio Simonetti, Bill Wyman

Produit par Dario Argento

Horreur

Italie

Le matin de la première de « Macbeth » de Verdi, la cantatrice star se fait attaquer par un corbeau pendant les répétitions. Furieuse, elle décide de quitter la production mais se fait renverser par une voiture en sortant de l’opéra. La production demande donc à sa doublure Betty (Cristina Marsillach), une débutante, d’assurer la première à sa place. Mais celle-ci est très nerveuse, car elle n’a pas d’expérience et hésite à faire ses débuts sur scène avec une pièce qui a la réputation de porter malheur.

Un réalisateur de films Marco (Ian Charleson) met en scène l’opéra « Macbeth » de Verdi. Une jeune cantatrice, Beth, simple doublure, se retrouve à devoir assurer la première, suite à un accident de la star principale de l’opéra. Mais le soir de la première, un technicien meurt. Et bientôt elle est suivie et harcelée par un mystérieux tueur qui prend plaisir à l’attacher et à lui scotcher des aiguilles sur les paupières inférieures pour la forcer à regarder les crimes qu’il commet.

Si à mon goût le scénario est finalement assez classique dans le genre giallo et les dialogues parfois niais, « Opera » bénéfice d’une ambiance incroyable notamment grâce à une mise en scène superbe et très inventive. La caméra virevolte, les points de vue originaux nous proposent des angles improbables, une vue subjective et des plans séquences vertigineux filmés en travelling (le plan d’introduction est parfait). Argento utilise superbement les couloirs, la hauteur de plafond, les nombreux recoins du Teatro Regio de Parme où a été tourné le film. Il a également pu bénéficier de l’appui du directeur de la photographie britannique Ronnie Taylor, oscarisé pour « Gandhi » (1982) et qu’il avait rencontré en tournant une pub pour Fiat. Ils re-travailleront ensemble sur « Il fantasma dell’opera » (« le fantôme de l’opéra, 1999) et « Non ho sonno » (« Le sang des innocents », 2001).

Quelques scènes de meurtre spectaculaires (et qui valent le détour car elles sont filmées avec beaucoup de réalisme !) ont valu à « Opéra » d’être le film d’Argento le plus maltraité par la censure, aussi bien en Italie qu’aux Etats-Unis où le film a été coupé d’une vingtaine de minutes.

Niveau casting, dans le rôle de l’impresario de Betty, on retrouve une habituée d’Argento, Daria Nicolodi (mère d’Asia, actrice dans « Profondo rosso« , co-scénariste de « Suspira »,…). Dans le rôle principal, la jeune Cristina Marsillach se débrouille pas trop mal, mais le tournage fut compliqué et à la fin, Argento et elle ne se parlaient plus. Enfin, le britannique Ian Charleson (« Chariots of Fire« , 1981) joue le réalisateur de cinéma qui met en scène l’opéra (il s’agit du dernier film de Charleson, il meurt en 1990 du sida à l’âge de 40 ans).

Le tournage n’aura pas été une partie de plaisir.  Les corbeaux (160 furent utilisés) difficiles à contrôler.   Les relations entre Argento et Marsillach étaient donc très tendues et Charleson eut un accident de voiture. De plus, le père de Dario Argento qui avait produit ses films, est mort pendant la première semaine de tournage. Argento n’en avait pourtant pas fini avec Macbeth, il mettra en scène l’opéra, comme le réalisateur dans le film. S’il ne croit pas à la malédiction de « Macbeth » il raconte néanmoins s’être cassé plusieurs côtes en descendant du train pour aller mettre en scène l’opéra à Pise. Une coïncidence ? Sûrement pas !

Pour certains, il s’agit du dernier grand film de Dario Argento, même si en France il est arrivé directement en vidéo sans passer par une sortie cinéma. Ce qui est une honte pour un film visuellement aussi magnifique. Et on a beaucoup de chance d’avoir un éditeur vidéo comme Le chat qui fume qui nous offre aujourd’hui un combo Blu-ray/DVD de toute beauté avec un DVD supplémentaire rempli de bonus (des interviews d’Argento, de Daria Nicolodi, Franco Ferrini,..).

Coffret Blu-ray & 2 DVDs FR. Studio Le Chat qui fume (2017). Edition limitée à 2000 exemplaires. Version originale sous-titrée en français. Nombreux bonus sur le second DVD