Né du pari osé de faire un film anti-nucléaire, « On the Beach » se perd dans le mélodrame hollywoodien éhonté. Restent de belles prises de risque et un casting exceptionnel.

On the Beach (1959)

(Le dernier rivage)

Réalisé par Stanley Kramer

Ecrit par John Paxton d’après le roman de Nevil Shute

Avec Gregory Peck, Ava Gardner, Fred Astaire, Anthony Perkins, Donna Anderson,…

Direction de la photographie : Giuseppe Rotunno / Musique : Ernest Gold

Produit par Stanley Kramer

Drame / romance / SF

129mn

USA

En 1964, les Russes et les Américains ont lancé une guerre nucléaire qui a dévasté la planète. L’Australie est le dernier endroit où les radiations n’ont pas encore éradiquées toute forme de vie. Mais pour combien de temps ?

Le commandant Towers (Gregory Peck) est aux commandes d’un sous-marin nucléaire américain. Suite à la destruction des Etats-Unis, il est désormais posté à Melbourne en Australie. En deuil de sa femme et de deux jeunes enfants, il n’arrive pas encore à parler d’eux au passé. Sa rencontre avec Moira (Ava Gardner) va lui permettre de s’ouvrir à nouveau à la vie. Parallèlement l’officier Peter Holmes (Anthony Perkins) vit ses premiers pas de père et est déchiré entre le pessimisme (qui lui fait chercher désespérément des médicaments pour en finir plus vite le moment venu) et l’optimisme de sa femme Mary (Donna Anderson) qui refuse l’inévitable. Le docteur Julian Osborne (Fred Astaire) a du mal à cacher son dégoût d’une humanité qui s’est auto-détruite. Les trois hommes Towers, Holmes et Osborne vont partager une dernière mission désespérée pour mesurer les taux de radiation et vérifier un appel en morse en provenance de San Francisco.

Producteur passé tardivement à la réalisation en 1955 (à 42 ans), Stanley Kramer signait ici son troisième film. Un sujet pour le moins osé puisque « On the Beach » traite de la fin de l’humanité suite à une guerre nucléaire entre les deux grandes puissances. Nous assistons donc à la mort des derniers êtres humains sur Terre. Si le danger nucléaire avait déjà été largement traité dans les séries B des années 50, il s’agit peut être bien de la première fois qu’Hollywood sort un film aussi dur sur les dangers du nucléaire.

Réalisé dans des conditions difficiles, sans la coopération de l’armée américaine (le sous marin nucléaire commandé par Towers est en fait un sous-marin diesel de l’armée britannique), « On the Beach » est un sacré pari. Le film se veut réaliste, évite soigneusement tout spectaculaire (sauf le temps d’une… course de voiture !) et essaie de rester le plus proche de ses personnages. Au point où l’ennui finit par faire surface très rapidement. Car malgré une durée confortable de plus de deux heures, il ne se passe pas grand chose et on a droit surtout à des romances finalement assez classiques (« On the Beach » est avant-tout un mélodrame – et pas très fin avec ça).

Si l’émotion pointe parfois le bout de son nez, « On the Beach » est un film au ton lugubre dont se dégage une certaine froideur (sûrement dû au sentiment de condamnation implacable qui pèse sur les épaules des personnages). Sans surprise, le film a connu un échec public.

A noter que la musique tonitruante d’Ernest Gold est juste insupportable. On en vient à regretter que, à l’instar de Val Guest sur « The Day the Earth Caught Fire » (1961), Kramer n’ait pas opté pour le silence !

Niveau casting c’est du grand art. Gregory Peck, adversaire forcené de la bombe nucléaire, s’est investi à 100% sur le projet. Ava Gardner signait ici son premier film en actrice indépendante en dehors du système de contrats de studio. C’est à 60 ans, avec ce film, que Fred Astair s’est lancé véritablement dans le cinéma non musical… et il est parfait dans le rôle du vieux médecin désabusé. L’année suivante, Anthony Hopkins est à l’affiche de « Psycho » (1960), film qui va définitivement le faire passer auprès du public du statut de jeune premier à celui de… dangereux psychopathe !

Pour l’instant le film n’est disponible (avec des sous-titres français et une VF) qu’en DVD. Il existe une version blu-ray UK sorti en 2015 mais seulement avec des sous-titres anglais (et quelques bonus intéressants dont 8mn de film sur le tournage et une interview de l’actrice Donna Anderson).

DVD zone 2. Studio MGM / United Artists (2004). Version originale sous-titrée en français et version française. Pas de bonus

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