L’un des meilleurs films de Lucio Fulci, un thriller vénéneux et pessimiste sur la nature humaine, filmé dans l’Italie rurale et superstitieuse

La longue nuit de l'exorcisme 1972

Non si sevizia une paperino (1972)

(La longue nuit de l’exorcisme)

Réalisé par Lucio Fulci

Ecrit par Lucio Fulci, Roberto Gianviti et Gianfranco Clerici

Avec Barbara Bouchet, Tomas Milian, Florinda Bolkan,  Irene Papas, Marc Porel, George Wilson,…

Directeur de la photographie : Sergio D’Offizi / Montage : Ornella Micheli / Musique : Riz Ortolani

Produit par Renato Jaboni pour Medusa Distribuzione

Thriller / giallo

102mn

Italie

« Début des années 70, dans le sud de l’Italie, un petit village de montagne est plongé dans la terreur : de jeunes garçons se font mystérieusement assassiner et la police semble avoir du mal à identifier le meurtrier. Les pistes sont nombreuses, mais aucune ne semble réellement aboutir. La tension monte au sein de cette petite communauté et les habitants commencent à désigner des coupables. Pendant ce temps, les crimes odieux continuent. »

« Non si sevizia une paperino » est le 3e thriller plus ou moins proche du giallo estampillé Luci Fucli après « Una sull’altra » (1969) et « Una lucertola con la pelle di donna » (1971). Mais ici encore il n’adopte pas tous les codes du genre. Le film se déroule dans une communauté rurale (alors que giallo est généralement urbain) et on y retrouve aussi bien des codes du western, du documentaire et du film d’horreur à tendance gore.

Filmé dans les pouilles (région aussi pauvre que belle du sud de l’Italie), « Non si sevizia une paperino » nous plonge donc dans une communauté rurale où la superstition et la religion catholique règnent en maitres. On y croit à la sorcellerie et bien sûr en Dieu. Quand les meurtres d’enfant se cumulent, les faibles d’esprit sont les premiers sur les bancs des accusés, et la foule se réunit, les regards vitreux, les mâchoires et les poings serrés, prêts à distribuer eux mêmes la justice.

« Non si sevizia une paperino » est resté le film préféré de Fulci. Et on peut comprendre pourquoi. Le film est d’une belle richesse thématique et formelle. Fulci y détaille sa vision très pessimiste de l’humanité. Pour lui les enfants sont déjà corrompus (l’innocence n’existe pas) et les traditions aussi bien que la religion sont des hypocrisies qui ne peuvent cacher la perversion humaine. Pour autant la modernité (ici symbolisée par le ce pont routier qui passe à côté du village et est notamment emprunté par les vacanciers, les prostituées du début du film ou encore les personnages du journaliste enquêteur et de Patrizia, jeune femme venue de la ville, fille à papa, qui aime bien provoquer les jeunes garçons) n’apporte qu’une couche de déviance supplémentaire. Les perversions se superposent.

Fulci fait ressortir la perversion et la violence de façon très brutale. Si les meurtres des enfants sont plutôt softs, l’une des scènes les plus marquantes voit l’un des personnages subir un lynchage en bonne et due forme. A chaque coup, le plaies béantes apparaissent. La violence extrême de la scène s’exprime sur un fond de musique pop. Le contraste rend la scène d’autant plus glaçante. Et le personnage, qui a elle-même perdu un enfant, rend l’âme au bord de la route devant les voitures des vacanciers, avec leurs enfants sur la banquette arrière, qui passent sans s’arrêter.

Bref ne vous arrêtez pas au titre français stupide (« la longue nuit de l’exorcisme »), ce film est l’un des tous meilleurs films de Fulci.

Comme d’habitude, l’éditeur Le Chat qui fume nous livre un combo DVD/Blu-ray de toute beauté, débordant de bonus (dont les interviews des deux héroïnes du film, du monteur et du chef opérateur ainsi qu’une analyse très intéressante de Lionel Grenier, spécialiste de l’oeuvre de Fulci). Attention le coffret est en édition limitée (2.000 exemplaires), les prix risques de monter très vite.

Bluray-DVD France. Studio Le chat qui fume (2017). Edition limitée à 2000 exemplaires. Coffret 1 blu-ray et 2 DVD. Bonus : « Ces jours avec Lucio » avec Florinda Bolkan (28′), « Qui a tué Donald ? » avec Barbara Bouchet (18′), « Entre noirceur et lumière » avec le chef opérateur Sergio d’Offizi (48′), « Le maître du montage » avec le monteur Bruno Micheli (27′), 2 Interviews de Lucio Fulci (36′), « Le temps de l’innocence » avec Lionel Grenier du site luciofulci.fr (19′), « La longue nuit de Lucio Fulci » par Olivier Père (24′), « Les brûlures de la frustration » par Jean-François Rauger (16′), « Ne tuez pas les canards » par Fathi Beddiar (22′), Bande-annonce du film

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