Un drame du pouvoir qui reste aujourd’hui mémorable par ses parallèles (volontaires ou non) avec l’affaire Mazarine et la période Mitterand

Le bon plaisir 1984

Le bon plaisir (1984)

Réalisé par Francis Girod

Ecrit par Françoise Giroud et Francis Girod d’après le roman de Françoise Giroud

Avec Catherine Deneuve, Michel Serrault, Jean-Louis Trintignant, Hippolyte Girardot,…

Direction de la photographie : Jean Penzer

Musique : Georges Delerue

Produit par Marin Karmitz pour Films A2, MK2 Productions et SPF

Drame / romance / politique

France

Claire (Catherine Deneuve) se fait voler son sac par un jeune homme, Pierre (Hippolyte Girardot). Un fait divers banal, mais dans ce sac se trouve une lettre écrite par le président de la république (Jean-Louis Trintignant) et qui trahit l’existence d’un enfant caché.

Femme politique, romancière et journaliste française de renom, Françoise Giroud publie deux romans après son abandon de la politique en 1979, dont « Le bon plaisir » en 1984. Même si elle a toujours nié que son histoire était inspirée par la fille cachée de Mitterrand (dont l’existence ne sera révélée officiellement qu’en 1994), il est assez savoureux de voir le film à la lumière de la réalité politique des années 80.

Le président, campé par Jean-Louis Trintignant, est un homme odieux, paranoïaque, misogyne qui règne sur son pays et ses gens comme un descendant direct de Louis XIV. Le ministre de l’intérieur (campé par Michel Serrault) est son homme de l’ombre, celui qui efface les traces.

Françoise Giroud connait les revers de la politique française et la Ve république, avec son président monarque, en prend pour son grade. Difficile en regardant Trintignant de ne pas penser au Mitterand hautain et froid qui transparait à travers ses apparitions télé.

Pour autant, l’affaire Mike (l’enfant de Claire et du président est élevé aux Etats-Unis et son père ne l’a jamais vu) n’a rien à voir avec l’affaire Mazarine (Mitterand s’est occupée de sa fille et la voyait régulièrement). L’existence de Mike n’est connue de personne (même des proches du président) alors que l’existence de Mazarine était bien connue dans les cercles politiques et médiatiques, bien avant la révélation officielle.

Mais revenons au film. Quand un jeune homme Pierre (Hippolyte Girardot) découvre la lettre et finit par décider de faire chanter le président, ce n’est pas par amour de l’argent mais parce que ce dernier est un sale individu. Pierre est aussi naïf que le déroulement du scénario, très moyennement crédible.

« Le bon plaisir » aurait pu être un thriller politique, mais il reste un drame autour du pouvoir. Ceci dit c’est peut être un choix. En tout cas, l’histoire n’est ni assez claire, ni assez réaliste pour que le spectateur soit complètement absorbé par le suspense. Et les personnages (même celui du président) restent trop manichéens, pas assez détaillés, pas assez complexes, pour que le spectateur s’intéresse vraiment à leur destin. Et ce malgré les acteurs très convaincants (Jean-Louis Trintignant est parfait).

Etonnant car Françoise Giroud, qui signe ici l’adaptation de son roman, est également une scénariste confirmée (23 crédits entre 1942 et 1993, essentiellement pour le cinéma).

Sans être un mauvais film, il manque une bonne dose de subtilité au « Bon plaisir » pour être une oeuvre marquante. Le DVD édité par Studio MK2 peut s’avérer un très bon choix si vous arrivez à le trouver pas trop cher car il comprend des suppléments de qualité.

DVD zone 2 FR. Studio MK2 (2006). Version originale (française). Bonus : Commentaire audio de Francis Girod, Conversation entre Françoise Giroud et Serge Toubiana, Extrait de l’émission « Spécial cinéma » avec Françoise Giroud et Francis Girod, Campagne de lancement du film