Une variante très atypique du film de vampire. Un chef d’oeuvre signé George A. Romero

Martin (1978)

Ecrit et réalisé par George A. Romero

Avec John Amplas, Lincoln Maazel, Christine Forrest, Tom Savini, George A. Romero,…

Directeur de la photographie : Michael Gornick / Montage : George A. Romero / Musique : Donald Rubinstein / Effets spéciaux : Tom Savini / Son : Tony Buba

Produit par Richard P. Rubinstein pour Laurel Entertainment Inc.

Horreur / drame

95mn

USA

« Martin (John Amplas), 17 ans, semble être un beau jeune homme discret et innocent. Pourtant, ses intentions sont loin d’être pacifiques quand il pénètre par effraction dans un compartiment de train où dort une jeune femme. Après avoir abusé d’elle, Martin lui tranche les veines et boit son sang… Il maquille ensuite son crime en suicide et se sauve. Bientôt, Martin se sent perdu entre son désir de normalité et ses pulsions sexuelles et sanguinaires incontrôlables… »

Martin est un jeune homme de 17 ans qui se rend à Pittsburgh pour s’installer chez son cousin, un vieil homme de 85 ans. Dans le train, il agresse une jeune femme qu’il pique avec une seringue avant de lui faire l’amour et de lui ouvrir les veines pour boire son sang.

Arrivé à Pittsburgh, il est accueilli par Ruda, un vieil homme méfiant et distant au regard parfois haineux. Ensemble, ils prennent un autre train qui les amène chez le vieil homme qui héberge également sa petite-fille.

Dès qu’ils ont franchi le seuil de la porte, Cuda s’adresse à Martin :

« Nosferatu. D’abord je t’accueille, ensuite je te détruirai… Je vais te montrer ta chambre. »

On apprend alors que Cuda considère Martin comme un vampire et accueille son « cousin » par sens de la responsabilité familiale. C’est à son tour d’accueillir le monstre, et il compte bien le surveiller.

Martin est un meurtrier. Mais est-il un vampire ? « Martin » est un film d’horreur pour le moins atypique (d’ailleurs est-ce vraiment un film d’horreur ou un drame familial ?). Son personnage central est un adolescent perturbé, timide et silencieux, qui est lui-même convaincu qu’une malédiction familiale pèse sur ses épaules et qu’il a en fait 85 ans. Certitude qui l’amène à tuer afin de se repaitre de sang (mais aussi pour avoir des relations sexuelles). Toutefois, ça ne l’empêche pas de se moquer des superstitions de son vieux « cousin ».

Martin se souvient de son ancienne vie (images montrées en noir et blanc). Fantasme ou réalité ? Intelligemment, le film ne tranche pas.

« Martin » est un film sur une psychose familiale, incarnée par l’oncle-cousin de Martin, réceptacle des peurs et superstitions familiales qui ont condamné Martin à sa naissance.

Autre personnage du film, la ville de Pittsburgh, ville dont Romero est originaire et où il base ses activités professionnelles. Ancienne ville industrielle, Pittsburgh est ici montrée comme une ville désaffectée d’où les jeunes se sont enfuis.

Romero tourne « Martin » après une série d’échecs commerciaux. Il est produit par Richard P. Rubinstein pour une modique somme (moins de 100.000 dollars). L’équipe du film se résume à une dizaine de personnes, essentiellement des jeunes, débutants dans le cinéma. Romero joue lui-même dans le film, fait jouer sa femme Christine Forres ainsi que Tom Savini qui s’occupe également des effets spéciaux. Quant à la maison de Cuda qui sert de décor principal au film, il s’agit en fait de la maison des parents de l’ingénieur du son, Tony Buba.

L’acteur principal du film; John Amplas est un acteur local, remarqué par Romero sur les planches. Il est parfait dans le rôle de Martin. Tout comme Lincoln Maazel, homme de théâtre venu pour ses vieux jours s’installer à Pittsburgh, et qui joue avec conviction l’oncle superstitieux.

Le film marque aussi la première collaboration avec le spécialiste des effets spéciaux Tom Savini, le musicien Donald Rubinstein (arrivé sur le projet grâce au producteur – son frère, mais qui ici réalise une BO mythique) et le directeur de la photographie Michael Gornick (avant Romero assurait lui même la photographie).

Drame sur le poids de la famille et des traditions, « Martin » est sans aucun doute l’une des plus belles réussites de George A. Romero. Un film à ne pas manquer, que vous soyez fan ou non de ses films de zombie.

Le film est édité en France chez Wilde Side Video. J’ai l’édition double DVD qui a l’avantage de comprendre de nombreux bonus (dont des interviews avec George Romero, Olivier Père, Thierry Fremeaux,…). Le film est disponible dans une qualité tout à fait convenable avec une image granuleuse et froide qui met dans l’ambiance !

DVD zone 2 FR. Studio Wild Side Video (2012). Version originale sous-titrée en français. Version française. Disponible en version simple et version collector 2 DVD