L’un des premiers grands succès du western spaghetti, le film se construit autour d’un très beau duo porté par Lee Van Cleef et Tomas Milian

La resa dei conti (1966)

(Colorado)

Réalisé par Sergio Sollima

Ecrit par Sergio Sollima et Sergio Donati

Avec Lee Van Cleef, Tomas Milian, Walter Barnes, Nieves Navarro, Gérard Herter,…

Direction de la photographie : Carlo Carlini / Montage : Gaby Peñalba / Musique : Ennio Morricone

Produit par Tulio Demicheli et Alberto Grimaldi

Western

110mn (director’s cut)

Italie / Espagne / USA

« Jonathan Corbett (Lee Van Cleef), fine gâchette et redresseur de torts sans égal, a débarrassé le Texas de nombreux malfrats. Sa bravoure légendaire et ses faits d’armes lui valent d’être placé en tête de liste des élections sénatoriales… Mais en apprenant que Cuchillo (Thomas Millan), un bandit notoire, vient de tuer une fillette de douze ans après l’avoir violée, Colorado se lance dans une nouvelle chasse à l’homme… Sa retraite dorée de politicien attendra… »

En 1964, Sergio Leone sort « Per un pugno di dollari » (Pour une poignée de dollars) dont le triomphe va lancer une véritable mode qui va devenir une institution cinématographique, le western spaghetti (expression rappelons-le détestée par Leone et qui regroupe en fait des films très, très différents).  Très rapidement, d’autres cinéastes italiens vont donc emboiter le pas, comme c’est le cas avec ce film écrit par Sergio Donati (collaborateur régulier de Leone) et Sergio Sollima puis porté à l’écran par ce dernier.

Comme nombre de films italiens de l’époque, « La resa dei conti » a une lecture politique. Ici un peon, un mexicain pauvre, est accusé du viol et du meurtre d’une jeune fille. Un grand propriétaire texan charge le chasseur de primes, Jonathan Corbett, de faire la peau du meurtrier. Sauf que Corbett va se rendre compte au fil de sa traque qu’il a peut-être bien été instrumentalisé.

Néanmoins le film se concentre surtout sur la lute entre deux hommes que tout semble séparer. Le lâche et pauvre mexicain et le chasseur de primes américain devenu un héros. Rapidement, et alors même que sa culpabilité n’est pas remise en question, Cuchillo devient un personnage sympathique dont le côté hâbleur et séducteur l’emportent auprès du public sur la froideur de Corbett.

Pour interpréter les deux hommes clés de cette histoire, le réalisateur choisit un acteur américain relancé deux avant par Leone, Lee Van Cleef, et un jeune premier Tomas Milian qui lui-même va devenir un acteur reconnu dans le western spaggethi et principalement le sous-genre Zapata Films dans lesquels ce fils d’un général cubain sous le régime de Fulgencio Batista, va interpréter des révolutionnaires Zapatistes.

Le duo Van Cleef-Milian fonctionne très bien et le film est réalisé avec soin par Sergio Sollima. On est loin du côté cheap et opportuniste de nombreuses productions du western spaghetti. « La resa dei conti » est indiscutablement l’une des plus belles réussites du genre, qui se distingue aussi largement de la stylisation de Leone. On retrouve également la musique d’Ennio Morricone qui livre ici de très belles compositions, bien plus sauvages que chez Sergio Leone.

Le far west de Sollima se veut réaliste, sale et sauvage, sans non plus en faire trop. De par l’humour sale gosse de Chuchillo, le film gagne une certaine légèreté – malgré la thématique chargée.

Du fait du succès du film, le personnage de Cuchillo fera son retour sur grand écran dans une « suite » intitulée « Corri uomo corri » (1968) toujours réalisée par Sergio Sollima.

L’éditeur Wild Side a eu l’excellente idée de nous proposer ce film en coffret collector (DVD, blu-ray et livre) avec une director’s cut de 110mn inédite dans les salles françaises. Le film est bien entendu à voir sous cette forme plutôt que dans la version tronquée de 89mn également présentée ici à titre  informatif.

Coffret FR. DVD + Blu-Ray + Livre. Studio Wild Side. Verison italienne ou anglaise sous-titrée en français et version française (pour la version cinéma). Version italienne sous-titrée en français (pour la director’s cut). Bonus : interview de Sergio Donati. Livre de 128 pages signé Jean-François Giré.